La mère de Paul, victime d’une «agression homophobe», témoigne

Ce samedi 21 septembre, Paul, 17 ans, a été victime d’une agression homophobe à Mazamet dans le Tarn, alors qu’il rendait visite à un ami. Passé à tabac, il a été touché au dos, à l’œil et à la mâchoire. Aujourd’hui encore, Paul reste traumatisé par l’événement.

Selon le parquet de Castres, plusieurs personnes ont été interpellées dans le cadre des investigations. Trois jours plus tard, Sandy, la mère de l’adolescente, témoignait sur BFMTV et faisait part de sa “tristesse”, de sa “colère” et de son “incompréhension”.

« Au secours maman, ma tête saigne »

Le témoignage est anonyme car, aujourd’hui encore, la mère a « peur des représailles ».

« Un membre de la famille d’un agresseur est entré aux urgences, on se demande comment c’est possible », s’interroge-t-elle.

« Ils sont arrivés jusqu’au commissariat, lors de la deuxième étape d’identification des agresseurs », raconte la femme qui se sent encore menacée aujourd’hui. « Je ne dors pas bien, jusqu’à présent ça allait parce que j’étais encore dans le tourbillon du processus. Pour moi, les premières crises d’angoisse sont arrivées la nuit dernière. J’étais convaincue qu’ils allaient revenir. »

L’agression “a duré environ une minute”, selon le témoignage de Paul sur BFMTV lundi 23 septembre. Elle a été interrompue grâce à l’intervention d’un trentenaire qui n’a toujours pas été identifié. “Malheureusement, nous ne l’avons pas retrouvé et c’est tout ce que nous demandons. Je n’ai pas assez de remerciements à la bouche car, selon l’ami de mon fils, si cet homme n’était pas intervenu, nous ne savons pas si Paul serait encore là aujourd’hui”, estime Sandy.

Devant la caméra de BFMTV, la mère raconte comment elle a vécu l’agression de son fils. « Ses mots sont simples : ‘Au secours maman, j’ai la tête qui saigne, je viens d’être agressée, je me cache, ils vont revenir, j’ai peur’. Mon amie appelle la police et j’ai Paul au bout du fil. La police est intervenue très rapidement pour l’emmener au commissariat avec son ami. »

« Pour moi, ce sont des récidivistes »

Le parquet de Castres indique que le caractère homophobe de l’agression est actuellement contesté, même s’il reste “à ce stade des investigations” retenues par ce dernier. Mais pour Sandy, il n’y a aucun doute sur le caractère homophobe de l’agression.

« Les filles ont dit qu’elles avaient les moyens de le rendre hétéro et les premiers mots utilisés contre lui ont été : ‘tu es un sale pédé’. Si ce n’est pas de l’homophobie, qu’est-ce que c’est ? » s’interroge-t-elle.

Elle estime également qu’il ne s’agit pas d’une « guerre de clans ». « Nous ne sommes pas de Mazamet, Paul n’avait jamais rencontré ces gens-là. »

L’un des sentiments qui domine Sandy ce mardi est la colère, surtout au vu du profil des agresseurs. Ce mardi, sur BFMTV, le maire de Mazamet Olivier Fabre (DVD) a indiqué que « ce sont des jeunes qui sont déjà plongés dans la délinquance ». « On ne comprend pas pourquoi on ne peut pas les punir. Pour moi, ce sont des récidivistes. Pourquoi un récidiviste est-il encore en liberté ? Pourquoi n’est-il pas puni sous prétexte qu’il est mineur ? », s’emporte-t-elle.

Aujourd’hui, Paul « est préinscrit dans un CFA pour être en bac professionnel en alternance », raconte Sandy. « Je le trouve très courageux. Il m’a dit ‘c’est comme un accident de voiture, à un moment il faut remonter dans la voiture’ ».

Dans cette affaire, trois mineurs, âgés de 14 et 15 ans, ont été déférés lundi après-midi devant un juge des mineurs pour des faits de violences aggravées par deux circonstances (en groupe et en raison de l’orientation sexuelle) et de vol aggravé (en groupe et avec violence).

Article original publié sur BFMTV.com