la nouvelle démarche « d’un investisseur opportuniste ou d’un industriel de long terme »

Boîtes postales de Royal Mail, devant une succursale du bureau de poste de Swindon, dans l'ouest de l'Angleterre, le 22 janvier 2024.

Daniel Kretinsky aime les centrales électriques au charbon et au gaz, qui lui ont permis de bâtir sa fortune. Il aime aussi le lignite et l’acier (ThyssenKrupp), les médias (ElleTF1, TNT française…) et l’édition (Editis), sans oublier la grande distribution (Metro, Fnac Darty…).

Le milliardaire tchèque jette souvent son dévolu sur des entreprises malades, sous-évaluées (Casino, Atos…) et, parfois, à contre-courant. Non sans quelques belles initiatives, comme dans les énergies fossiles, redevenues stratégiques du fait de la guerre en Ukraine et de la lenteur de la transition écologique en Europe.

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C’est exactement ce qu’il fait avec la Poste britannique, privatisée en 2013 et aujourd’hui en très mauvais état. Il en possède déjà 27%, et après un premier échec, sa société EP Group a soumis une offre améliorée de 3,5 milliards de livres (4,1 milliards d’euros) pour en détenir 100%. Le conseil d’administration d’International Distributions Services, société mère de Royal Mail, également propriétaire du logisticien GLS, va  » recommander «  à ses actionnaires, a-t-il annoncé mercredi 15 mai.

Des investissements globaux

Une opération politiquement délicate à quelques mois des élections législatives prévues en janvier 2025, et soumise à plusieurs conditions : sauvegarde du service public et du siège au Royaume-Uni, distribution du courrier six jours sur sept, maintien des droits des 150 000 postiers. travailleurs et syndicats, hostiles à cette vente à une entreprise étrangère de«l’une des institutions britanniques les plus prestigieuses».

Même avant la guerre russo-ukrainienne, et surtout après, la holding EPH de l’homme d’affaires de 48 ans avait généré d’énormes bénéfices, qu’il réinvestissait dans tous les sens. « Roi du charbon », « baron de l’acier », « magnat des médias » et « géant de la distribution », il veut être tout cela à la fois.

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Puissant en République tchèque, bien implanté en Allemagne, en Europe centrale et au Royaume-Uni, ce francophile francophone a fini par se faire une place au soleil du capitalisme français. Sans que l’on sache encore si ce détenteur d’une fortune estimée à 9 milliards d’euros par le magazine Forbes est un investisseur opportuniste ou un industriel de long terme. Ce qu’il fait avec Royal Mail et Casino apportera une partie de la réponse.