« C’est extrêmement clair. » Pour Marine Le Pen, aucun doute : la ligne du Rassemblement national (RN) quant au profil du futur premier ministre est à la fois lisible et linéaire. D’une clarté obscure, donc, puisque tout le monde au sein du parti n’est pas certain d’avoir compris la ligne, ni même de la partager. Sans doute, car la cheffe de file de l’extrême droite, pointant du doigt les noms de Bernard Cazeneuve, Thierry Beaudet ou Xavier Bertrand, affiche ces derniers jours une fermeté qui tranche avec l’attentisme observé lors de la précédente législature.
Depuis 2022, le RN compare les motions de censure immédiates de La France insoumise (LFI), contre Elisabeth Borne puis Gabriel Attal, comme autant de postures ; susceptibles de « faire exploser les institutions » ou de faire basculer la France dans une « crise de régime ». Une motion de censure « annoncé avant même le discours (par Gabriel Attal) discrédite ceux qui l’ont déposée »a décidé M.moi Le Pen en février.
Après les législatives, le principe semblait inchangé, lorsque Renaud Labaye, son bras droit à l’Assemblée nationale, soulignait, Mondequ’aucun gouvernement, même issu du Nouveau Front Populaire, ne serait censuré a priori : l’extrême droite attendrait d’entendre son discours de politique générale, en écoutant d’éventuelles « orientations consensuelles ». Avant d’être démenti le lendemain par un tweet de Marine Le Pen : « Le groupe RN censurera tout gouvernement où LFI et les écologistes auront des responsabilités ministérielles. »
La situation politique a changé, justifie aujourd’hui M.moi Le Pen, et le nouveau poids de l’extrême droite à l’Assemblée nationale, doivent correspondre à un changement de ton. « Nous sommes dans une situation très différente des deux dernières années. Il y avait une majorité relative. Aujourd’hui, il n’y en a plus du tout. »elle explique à la MondeEt, depuis la mi-juillet, la députée du Pas-de-Calais a élargi ses revendications, enhardie par la position confortable dans laquelle Emmanuel Macron l’a, de fait, placée. Les lignes rouges bougent. Aux ministres « insoumis » et écologistes, elle ajoute un Premier ministre de gauche : c’est ce qu’elle reproche à Bernard Cazeneuve. « Nous sommes fondamentalement opposés aux orientations qu’il prend. »dit M.moi Le Pen. Plusieurs de ses adjoints estiment néanmoins, en off, que l’ancien Premier ministre de François Hollande méritait sa chance.
« Respect de toutes les forces »
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