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la nouvelle pépite d’un cinéma indien en plein essor


TTout commence avec le mariage arrangé de la belle Tulika. Pour ruiner cette union, Amrit, son amant, membre des forces spéciales, monte à bord du train où se trouve sa fiancée, et voyage avec son compagnon d’armes. Mais durant la nuit, une bande de voleurs très méchants envahit le train et prend en otage les passagers, dont Tulika et sa famille. A coups de poing et d’armes blanches plutôt exotiques, Amrit et son ami vont tenter d’exterminer les nuisibles. Et c’est parti pour 90 minutes de bagarres et de cascades ahurissantes, de massacres XXL, notamment lorsqu’un extincteur est détourné de sa fonction première pour refaire le papier d’un wagon à la manière de Gaspar Noé…

Si le scénario reste assez basique, Tuer cloue le spectateur au sol par sa générosité, son premier degré, son intensité… Venu d’Inde, ce « activer ” est réalisé par l’inconnu Nikhil Nagesh Bhat. C’est donc un film de Bollywood… mais rien à voir avec les blockbusters de quatre heures avec des parties chantées et dansées et des centaines de figurants dans des costumes un peu kitsch. Ici, le cinéaste est clairement sous l’influence de John WickLe cinéma coréen et surtout le cinéma indonésien (on pense très souvent à Le raid par Gareth Evans).

Dans le décor clos du train fonçant dans l’obscurité, il sublime les combats chorégraphiés par Se-young Oh, connu pour son travail sur Perceneige Ou Avengers : L’Ère d’Ultron, et offre au spectateur incrédule une séance de montagnes russes véritablement éprouvante, ponctuée par les lamentations et les larmes des les méchantsune grande famille de bandits dévastée par le massacre de ses membres, découpée par les deux soldats héros récalcitrants.

En fait, Tuer vient à point nommé pour nous rappeler que, depuis quelques années, l’Inde nous offre certains des films les plus excitants du moment, notamment ceux de SS Rajamouli, réalisateur du monumental RRR (Ou Triple R). Son effervescence, sa folie, sa puissance tellurique rappellent le cinéma hongkongais des années 1980 ou les films coréens du début des années 2000. Bref, il ne nous paraît pas exagéré d’affirmer haut et fort que c’est en Inde que ça se passe. Et que le continent indien pourrait bien représenter l’avenir du cinéma.

Shahrukh Khan : 50 millions d’abonnés sur Instagram

Le cinéma indien est la plus grande industrie cinématographique du monde. « En Inde, qui compte 1,4 milliard d’habitants, trois films sortent chaque jour, le public aime le cinéma et environ 1 200 films sont produits par an, donc l’offre est absolument pléthorique », assure Agilane Pajaniradja, ancien distributeur d’une centaine de films indiens en France. Il y a bien sûr ces grands mélodrames aux chorégraphies flamboyantes à la Devdas, mais aussi des films d’aventure fabuleux comme ceux de SS Rajamouli, dont l’oscarisé RRR Ou La légende de Baahubali.

Véhicules pour la star absolue Shahrukh Khan, « roi de Bollywood » aux 50 millions de followers sur Instagram, cinéma d’art et d’essai (cette année à Cannes, on a eu droit à l’excellent polar Santosh Et Tout ce que nous imaginons comme lumièreprésenté en compétition officielle, récompensé par le Grand Prix, qui sort le 2 octobre), cinéma de gangsters comme Les gangs de Wasseypurfilms d’action, drames historiques, films d’horreur, comédies romantiques, sans oublier les classiques de Satyajit Ray…

SS Rajamouli, entre James Cameron et Ridley Scott

Pour tenter d’y voir un peu plus clair, nous avons demandé à Logan Boubady, journaliste spécialisé dans le cinéma indien et auteur d’un livre à paraître en 2025, de nous donner quelques clés d’analyse de cette agitation incessante, du nord au sud et d’ouest en est, d’un pays monstre de près de 3,3 millions de km2 :« L’industrie cinématographique indienne est divisée en fonction de critères géographiques, avec des industries régionales. Leur particularité est la langue parlée, donc l’hindi, le tamoul… Il y a une langue par État, et environ 25 langues régionales. »

Bollywood est basé à Bombay, sur la côte ouest, et c’est un pays où l’on parle hindi. Tollywood est basé à Hyderabad et les films sont tournés en télougou. Et Kollywood est à Madras, dans le sud de l’Inde, où l’on parle tamoul. « Le cinéma indien a changé de cap au cours de la dernière décennie pour atteindre un public plus large. Baahubali Et RRR sont les films qui ont réuni des millions de spectateurs autour du cinéma indien. Rajamouli est devenu un dieu vivant aux yeux des cinéphiles, un mélange entre James Cameron et Ridley Scott. Il aime les films d’époque, il convoque la mythologie pour de grands spectacles époustouflants. Rajamouli et les nouveaux cinéastes indiens ont étudié à l’étranger et ont de nombreuses références hollywoodiennes et européennes. C’est pourquoi ils séduisent aujourd’hui le public occidental.

L’Inde conquiert le monde

Avec sa violence surréaliste et son action non-stop, Tuer a été conçu pour les pays étrangers. Les deux producteurs du film n’ont rien à voir avec le genre et sont connus pour avoir conçu des comédies musicales comme La boîte à lunch. La séquence de l’extincteur, incroyablement graphique et cruelle, était impensable il y a quelques années encore en Inde. « Il n’y a pas de limites ! Cela vient vraiment d’une volonté de séduire le public international. Il y a même un cinéaste, Karan Johar, qui cite Gaspar Noé dans tous ses films ! » précise Logan Boubady. Si auparavant l’Inde n’avait pas besoin de vendre ses films à l’étranger (un film comme RRR (qui a rapporté plus de 150 millions de dollars sur le seul marché indien), l’industrie indienne se lance désormais à la conquête du monde.

La diaspora indienne se presse dans les salles du monde entier pour découvrir ses héros et ses nouveautés, et les Occidentaux ont rejoint le mouvement. « Pour vous donner un exemple récent, le 5 septembre, il y a eu une projection en avant-première de La CHÈVRE au Grand Rex, à… une heure du matin. La séance était pleine pour voir le nouveau film de la star absolue Vijay ! Les fans ont découvert le cinéma indien et se ruent sur les sorties limitées de trois jours, toujours à guichets fermés, avec une ambiance délirante dans les salles où l’on chante, danse et hurle. C’est du cinéma généreux, hybride, décomplexé, au premier degré, du vrai cinéma populaire.

Tuer n’est vraiment que la partie émergée de l’iceberg et le cinéphile français un peu curieux pourra trouver son bonheur sur Netflix, en Blu-Ray, mais aussi en salles, lors de sorties ultra-courtes, car la distribution est encore aléatoire. Parmi les films à découvrir d’urgence, on peut d’abord citer ceux de SS Rajamouli, bien sûr, pour une overdose d’action et d’émotion (Triple RRR sortira bientôt dans un somptueux coffret Blu-Ray japonais), mais aussi Salut!le deuxième effort de réalisation de la superstar tamoule Dhanush, une histoire de guerre de gangs ; Maharajal’odyssée d’un barbier taciturne dont la poubelle en fer blanc est volée, avec des scènes comiques, comme chez le coréen Bong Joon-ho… suivies d’une spirale de violence infernale, et d’un final déjanté.

Vous pouvez également jeter un oeil à Thangalaanun nouveau film de Pa Ranjith, issu de la caste des intouchables, un drame épique sur l’exploitation des populations tribales, ou encore Saani Kaayidhamd’Arun Matheswaran, un « viol et vengeance » d’une violence incroyable. Et bien sûr, il faut apprécier cela au cinéma Tuer Virtuose, amusant et décomplexé, qui fait honte à la majorité des films d’action d’Hollywood ou d’ailleurs. L’Inde s’est réveillée, le rêve des cinéphiles peut commencer !

« Kill » de Nikhil Nagesh Bhat. Sortie en salles le 11 septembre


Anna

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