« La nuit, il venait, soutane ouverte, aux dortoirs »

SSa colère est intacte. Et il doit vivre avec cela depuis plus de soixante ans. Jean-Marie Delbos raconte avoir été maltraité étant enfant par un prêtre de la congrégation Notre-Dame de Bétharram. Il a longtemps crié seul dans le désert avant d’être finalement entendu et rejoint par des dizaines d’anciens élèves. Quatre-vingt-dix d’entre eux dénoncent aujourd’hui des violences, des agressions sexuelles et des viols* qui auraient été commis par des membres du personnel (religieux et laïcs) de l’établissement catholique Notre-Dame de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), près de Lourdes.

Le Béarnais de 77 ans nous accueille, à quelques kilomètres de là, dans l’ancienne auberge où il est né et a grandi, à Castetnau-Camblong (Pyrénées-Atlantiques). L’homme est en colère, mais il sait être amical et plaisanter. Il nous raconte sa dispute pour un « souper ». « Soixante ans de bataille, ma pauvre dame ! »

LIRE AUSSI Violences et abus sexuels : « l’enfer » des pensionnaires de Notre-Dame de BétharramOrphelin de son père et de sa mère, il est élevé par sa « grand-mère ». C’est pour elle qu’il collectionne aujourd’hui tous ces cuivres qui envahissent son salon et sa cuisine. Des trésors qui brillent de mille feux comme pour mieux oublier son passé « démuni ».

En 1956, il a 10 ans lorsque le curé du village conseille à sa grand-mère de le placer dans l’apostolat de Bétharram, sorte d’internat pour les futurs prêtres. Pour eux, « pauvres diables » (sic), c’était gratuit, dit-il, tandis que (…) Lire la suite