UN ” fossé “. La Cour des comptes européenne ne mâche pas ses mots lorsqu’elle décrit l’écart entre la politique agricole commune (PAC) et les objectifs du pacte vert sur le climat. À l’heure où le Green Deal, politique phare de l’Union européenne (UE) pour atteindre la neutralité carbone en 2050, risque d’être fragilisé par le vent de conservatisme qui souffle sur les institutions européennes, a analysé la Cour des comptes européenne, dans un rapport publié Lundi 30 septembre, comment a été redistribué le premier budget de l’UE (58 milliards d’euros versés chaque année, dont 9 milliards pour la France). Le dernier cadre, négocié pour la période 2023-2027, est censé accélérer les transformations du secteur agricole face à la crise climatique.
La PAC 2023-2027 a notamment introduit une nouveauté majeure en laissant plus de latitude aux États membres pour définir leurs propres règles de versement de certaines aides. Ce sont précisément ces « plans stratégiques nationaux » (PSN) qu’a analysés la Cour des comptes européenne, observant que si ces plans nationaux, actualisés chaque année, doivent être approuvés par la Commission européenne, cette dernière n’en mesure pas précisément l’ampleur. d’ambition écologique.
Toutefois, selon les commissaires aux comptes de la Cour, ces projets ne sont pas conformes aux objectifs du pacte vert et la seule contribution chiffrée qui figure dans le PSN, l’augmentation des superficies cultivées en agriculture biologique, est loin d’être atteinte. Au niveau européen, la stratégie « De la ferme à l’assiette », adoptée en 2021, fixe un objectif de 25 % de surfaces bio d’ici 2030, contre 10,5 % en 2022, avec un rythme de croissance encore bien trop lent et très disparate selon les pays. sur l’État (en France, le taux est de 10,1 %).
La Cour s’est penchée plus particulièrement sur les plans stratégiques de quatre pays producteurs agricoles : l’Espagne, la France, l’Irlande et la Pologne. Or, constate-t-elle, certains États ont fixé des règles de versement d’aides volontairement généreuses, afin qu’un maximum d’agriculteurs puissent en bénéficier, sans chercher à changer leurs pratiques.
C’est pourquoi en Irlande, 91 % des agriculteurs sont éligibles à l’éco-régime, principal instrument de paiement vert introduit dans la nouvelle PAC, censé récompenser les pratiques bénéfiques pour le climat, la biodiversité et le bien-être animal. En France, la proportion d’agriculteurs éligibles à ce paiement a même été estimée à 99,9 %.
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