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« La performance française aux Jeux sera la meilleure jamais réalisée par le sport français », estime Claude Onesta.

Le compte à rebours commence. A 100 jours du début des Jeux olympiques de Paris, Claude Onesta, directeur général de la haute performance au sein de l’Agence nationale du sport (ANS), fait un dernier point pour franceinfo : sport, mercredi 17 avril, avant le lancement de l’événement planétaire.

Missionné pour prendre en charge le haut niveau dès 2017, l’ancien entraîneur de l’équipe de France de handball dresse un premier bilan des mesures prises par l’ANS depuis sa création en 2019. “Nous arrivons à la phase de réalisation, rendue possible grâce à des investissements jamais réalisés auparavant”, il se félicite. « La performance française aux Jeux sera la meilleure jamais réalisée par le sport français », Claude Onesta se manifeste même.

Franceinfo : sport : Nous sommes à 100 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux, comment se porte le haut niveau français ?

Claude Onesta : Les indicateurs sont favorables. Les résultats dans les compétitions intermédiaires sont bons, comparés à ceux où nous étions un an avant les Jeux de Tokyo. Nous avons presque doublé le nombre de podiums. Le potentiel identifié est plus solide aujourd’hui qu’il ne l’était à Tokyo, c’est certain.

Est-ce ce constat qui permet de compter sur une centaine de médailles à Paris (contre 33 à Tokyo) ?

Mon travail consiste à identifier les athlètes qui sont en mesure de jouer des rôles de premier plan, et donc des médailles, dans leur discipline, puis de les accompagner jusqu’au dernier jour afin d’atteindre leurs objectifs. Nous avons identifié 120 potentiels de médailles.

Mais imaginez, si je vous parle de 60 médailles, que diront les autres athlètes ? Qu’il y en a la moitié en qui nous ne croyons pas ? Je ne veux donc surtout pas prendre de mesures qui pourraient déstabiliser les athlètes que nous avons essayé de faire venir ici.

L’ANS a beaucoup investi dans la préparation des athlètes en termes d’infrastructures, d’entraîneurs étrangers, d’équipements, d’aides financières individuelles… La dernière étape est la Performance House, inaugurée le 10 avril.

La Performance House est un outil dont les athlètes n’ont jamais pu bénéficier pendant les Jeux. C’est une structure de 9 000 m², dédiée à leurs préparations, entraînements, soins et récupération, mais aussi à leur bien-être, avec des espaces avec un peu plus de sérénité. Autant de choses qui manquent normalement dans l’environnement des Jeux.

Durant les JO, on est un peu les uns sur les autres, les installations d’entraînement sont souvent éloignées et les horaires parfois complètement inadaptés. Nous avons donc souhaité leur offrir un espace proche du village olympique, avec tous les experts dont ils ont besoin, quasiment 24h/24. L’objectif est que nous puissions accompagner au mieux les athlètes jusqu’au dernier moment. Mais ce ne sont que des outils. Ensuite, c’est à l’athlète et à son entraîneur de réaliser la performance et de remporter la médaille.

Lors d’un entretien à Sud Ouest, vous parliez d’un problème d’approche en France sur la convertibilité d’un potentiel en médaille, et d’une médaille en titre. La France aurait un taux de conversion d’environ 50 %, les autres pays avoisineraient plutôt 75 %. Que veux-tu dire ?

C’est ce sur quoi nous travaillons depuis des mois maintenant. Nous avons eu une approche globale, sans nécessairement traiter les problèmes particuliers que vit chacun. Quand on voit un athlète qui a du potentiel, ce qui nous intéresse n’est pas de glorifier ce potentiel, mais de déceler tous les points de faiblesse qui subsistent et peuvent conduire à l’échec. Plus on les efface, plus ce taux de conversion va augmenter. En France, nous sommes capables d’amener les jeunes à l’international. Mais après, il y a une gestion très particulière… Comment monter sur le podium, puis sur la plus haute marche ?

« Cette approche était très approximative dans le passé. Nous y travaillons depuis le premier jour, afin de fournir des outils supplémentaires pour franchir les dernières étapes.

Claude Onesta, directeur général de la haute performance à l’Agence nationale du sport

sur franceinfo : le sport

C’est pourquoi nous avons mis en place ce « plan des entraîneurs », qui sera un des éléments déterminants de la réussite des Jeux. On a constaté une lassitude, une forme d’usure, chez certains coachs. Je pense que nous avons redonné de l’énergie, de l’ambition et des ressources à ces entraîneurs qui soutiennent leurs athlètes et contribueront à élever leur niveau de performance.

Cela fait partie de votre désir de refonte du modèle sportif en France. Cette transformation a-t-elle atteint l’objectif espéré ?

Je pense que nous avons fait en cinq ans ce qui n’aurait pas été fait en trente ans, si nous n’avions pas bougé les lignes. Et ce n’est pas pour ma gloire. Si les Jeux n’avaient pas été la rencontre, s’il n’y avait pas eu cet objectif et cette évaluation, nous ne serions pas allés aussi loin.

“Si je regarde d’où nous venons, nous avons déjà parcouru un long chemin.”

Claude Onesta, directeur général de la haute performance à l’Agence nationale du sport

sur franceinfo : le sport

Ce qui me plaît le plus, c’est de me dire que tout ce que nous avons construit aujourd’hui est bien sûr pour Paris, mais aussi une base pour de meilleurs succès à Los Angeles, Brisbane, Milan puis dans les Alpes françaises pour les Jeux d’hiver.

Le modèle doit continuer d’évoluer pour continuer d’innover et d’avancer. Nous avons posé des bases, avec de grands axes de développement qui porteront le sport français vers la performance pour les années à venir.

Le combat a-t-il été dur ?

Le modèle en place, né dans les années 1960, a évolué au fil du temps, mais pas toujours en phase avec ce qui se passait sur la scène internationale. Quand on a un modèle un peu lourd, difficile à réformer, on perd du terrain par rapport aux autres.



Paris 2024 : Claude Onesta confiant pour les Jeux

Claude Onesta est reconnu comme l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du handball, l’ancien sélectionneur des Bleus est confiant sur l’objectif de l’équipe de France olympique aux Jeux de Paris 2024. Il explique également comment améliorer les performances des athlètes français à travers son nouveau rôle de directeur général de la haute performance.



Et je voyais bien que depuis vingt ans, les représentations avaient tendance à stagner, voire à décliner progressivement, et que c’était inexorable. Cela signifiait que ces transformations devaient être entreprises à tout prix, ne serait-ce que pour s’inscrire dans le concert et la compétition internationaux.

Vous êtes obligés de construire cette transition, voire cette réforme, avec des gens qui sont les garants du système actuel, et donc qui, à chaque fois, vous ramènent à ce qui se fait. Vous devez donc les convaincre de votre vision.

“C’est ça qui est compliqué : nous vous voyons arriver comme quelqu’un qui va déstabiliser la base sur laquelle reposent eux et leur organisation.”

Claude Onesta, directeur général de la haute performance à l’Agence nationale du sport

sur franceinfo : le sport

Nous avons donc perdu un peu de temps. C’est parfois un peu délicat, car il faut leur expliquer que l’on va changer les choses parce qu’ils n’y sont pas parvenus, et que donc, à partir de demain, on va construire un modèle dans lequel, parfois, ils pourront ne plus être concerné ni sollicité.

On peut ainsi imaginer tout ce que cela pourrait générer en termes de résistance, voire d’opposition. Et ce, dans une époque déjà contrainte. A certains moments, la mission n’était pas facile, et pas toujours agréable, car il fallait bousculer le système.

Fleur

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