« La « polycrise » que nous vivons menace la cohésion sociale et les institutions démocratiques »

EEn 2020, le coefficient global de Gini, qui mesure les inégalités entre les habitants de la planète sur une échelle allant de zéro (égalité parfaite) à 100 (un individu possède toutes les ressources), était de 62,6. Alors que les projections suggéraient la poursuite de la tendance à la baisse enregistrée depuis 1990, lorsque le coefficient était à 70, nous avons assisté en 2020 à la plus forte augmentation des inégalités mondiales depuis 1990 : +0,6 en une seule année. Les données les plus récentes de la plateforme pauvreté et inégalités de la Banque mondiale montrent que la pandémie de Covid-19 a provoqué la plus forte augmentation de l’extrême pauvreté mondiale depuis des décennies, avec 23 millions de personnes supplémentaires en 2022 par rapport à 2019.

Les crises de plus en plus fréquentes et simultanées dans les domaines économique, politique, environnemental, religieux et social ont conduit à forger le terme de « polycrise ». Cette polycrise menace la cohésion sociale et les institutions démocratiques. Les interventions de l’État et la coopération internationale n’ont pas réussi à réagir efficacement. La confiance dans les gouvernements est en déclin : moins de la moitié de la population des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques fait confiance à leur gouvernement, tandis qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, seulement un tiers de la population lui fait confiance.

Cette perte de confiance reflète une crise institutionnelle qui diminue notre capacité à entreprendre des actions collectives autour d’objectifs communs. Toutefois, les pays doivent mettre en œuvre des solutions durables, fondées sur des réponses durables. La crise de confiance peut toutefois être inversée en s’accordant sur des approches et en s’accordant sur des actions qui aident à définir des trajectoires et à résoudre les problèmes structurels.

Mesurer le travail non rémunéré

Pour commencer, nous devons définir la prospérité que nous souhaitons.

Pour mesurer nos progrès, nous nous sommes jusqu’à récemment concentrés presque exclusivement sur le produit intérieur brut (PIB), ou PIB par habitant. La recherche permanente du profit nous a conduit à confondre moyens et fins. Nous devons mesurer plus précisément ce que nous valorisons afin de pouvoir opérer les transformations nécessaires. Nous ne pouvons pas changer ce que nous ne pouvons pas voir, ni voir ce que nous ne mesurons pas.

L’un des principaux déterminants de la qualité de vie qu’une personne peut atteindre est la « capacités » qu’elle est capable de mobiliser, comme l’a suggéré le prix Nobel Amartya Sen. Cette approche décrit les ressources et les moyens mis en œuvre par les individus et les communautés pour atteindre le bien-être. La plupart des capacités se forment au cours de la petite enfance et les familles jouent un rôle crucial dans leur production.

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