LLe terme « technosolutionnisme » fait référence à la conviction qu’il est possible de résoudre les problèmes sociaux grâce aux nouvelles technologies. Ce cadre de pensée est critiqué car il présente le problème à résoudre sans analyse de ses causes et de son environnement social et historique. Il s’incarne dans une liste bien connue (hydrogène vert, captage et stockage du carbone) qui inclut désormais le « ciment vert » – autrement dit « décarboné ».
Comme d’autres secteurs d’activité, l’industrie cimentière multiplie les labels et produits verts. Au niveau mondial, cette industrie représente environ 7 % des émissions de CO.2 dans le monde, plus que l’aviation, le transport maritime et le transport routier longue distance réunis. Ses émissions mondiales ont plus que doublé entre 2000 et 2020, et la demande de ciment devrait encore augmenter de 45 % d’ici 2050. En France, l’objectif de la « stratégie nationale bas carbone » lui assigne une réduction de ses émissions. de 81 % d’ici 2050 (par rapport à 2015).
30% à 40% du prix de revient
Contrairement à d’autres secteurs, sa barrière technique n’est pas tant la consommation d’énergie, bien que très importante, mais la chimie de son processus de production. En fait, il s’agit moins de la cuisson au four à 1 450°C d’un mélange de calcaire et d’argile, d’où émerge une poudre appelée « clinker », que de la transformation du CaCO3 (carbonate de calcium) en CaO (oxyde de calcium) et Cie2 inévitablement induit par ce processus dit de « décarbonatation » qui génère les deux tiers des émissions du secteur en France.
Par conséquent, le four a beau être un réceptacle idéal pour valoriser divers déchets (pneus usagés, solvants, huiles, farines animales, graines, etc.), ou encore être chauffé avec une énergie décarbonée, cela ne suffit pas à réduire drastiquement montre.
Ainsi, les cimenteries investissent depuis des décennies pour économiser l’énergie, qui représente souvent 30 à 40 % du prix de revient, sans pour autant réduire les émissions en dessous d’un certain seuil. La moyenne mondiale serait de 860 kg équivalent CO2 par tonne de ciment produite, dont 530 kg pour le seul clinker !
Contrainte de réagir, l’industrie envisage deux solutions principales : importer du clinker, ou réduire significativement sa part (à 20 ou 30 %, contre plus de 65 % actuellement) en le mélangeant avec des matériaux similaires d’origine physico-chimique.
« Scories d’acier »
La première solution permet de réduire le niveau des émissions nationales – les importations de clinker en France ont fortement augmenté depuis 2013 – mais ne résout en rien la question du changement climatique puisque le CO2 n’a pas de frontières.
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