Un groupe de jeunes Démocrates suédois (SD) pousse les portes de la chambre basse du Riksdag (Parlement suédois) et s’y précipite. Le secrétaire du parti, Mattias Bäckström Johansson, ouvre la voie. Il organise une visite guidée du Parlement pour les membres de l’organisation de jeunesse Ungsvenskarna (littéralement « Jeunes Suédois »).
En réalité, le point culminant de la journée n’est pas la visite elle-même mais la soirée qui suit dans l’un des pubs préférés de SD à Gamla Stan (le cœur historique de Stockholm). Mais, pendant ce temps, les jeunes testent les sièges dans la salle où siège le groupe parlementaire de leurs principaux adversaires, les sociaux-démocrates (S).
« Quand nous les aurons dépassés, nous occuperons cette pièce. Ce serait donc peut-être une bonne idée de se repérer. Trouver une bonne place pour s’asseoir, faire une petite « reconnaissance » avant d’emménager », rigole le secrétaire du parti en désignant les fresques au plafond.
L’un des jeunes démocrates suédois ouvre les yeux grands comme des soucoupes. Croyez-vous vraiment que nous parviendrons à évincer les sociaux-démocrates, parti leader en Suède depuis plus d’un siècle ?
“Je ne suis pas sûr que ce soit jouable.”
Ancienne présentatrice vedette de Riks, la chaîne de télévision SD, et aujourd’hui responsable des événements festifs, Rebecka Fallenkvist répond. “Mais oui, le SD a déjà accompli l’impossible.”
En effet, en quelques années seulement, le plus jeune parti du Parlement est devenu l’un des soutiens du gouvernement en place (tout en refusant d’y participer), alors qu’il était jusqu’alors considéré comme un paria. Le SD a progressé dans toutes les couches de l’électorat, et c’est parmi les jeunes que son succès est le plus notable. Lors des dernières élections législatives, le soutien des primo-votants a doublé et, avec les modérés (parti libéral conservateur, (M)), le SD a remporté près de la moitié des voix parmi les jeunes électeurs, selon l’enquête réalisée par la télévision Sveriges ( radiodiffuseur public suédois) dans les bureaux de vote.
« C’est une mauvaise nouvelle pour la gauche. Cela réfute le vieux mythe selon lequel les jeunes seraient toujours d’extrême gauche.» commente Tommy Möller, professeur de sciences politiques.
Si de nombreux jeunes rêvaient autrefois d’une carrière, la famille et les relations à long terme sont désormais des priorités. « Cela fait longtemps que nous constatons un changement de valeurs. Les jeunes d’aujourd’hui ont des valeurs plus conservatrices qu’avant.
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