Plus de deux ans après l’invasion de l’Ukraine, vingt et une banques internationales restent implantées en Russie et y gagnent de l’argent : 3,5 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros) au total en 2023, selon le décompte publié mercredi 24 avril par le Kyiv School of Economics (KSE), l’école d’économie de Kiev. Et ces bénéfices ont généré 970 millions de dollars de recettes pour le fisc russe, ce qui représente des ressources supplémentaires pour le budget de l’État et donc potentiellement pour financer l’effort de guerre.
Parmi les banques citées dans l’étude du KSE figurent l’américaine Citibank et l’italienne UniCredit – poids lourds du secteur -, et d’autres moins connues, comme la hongroise OTP ou l’autrichienne Raiffeisen Bank International, de loin les plus exposées.
Implantée depuis plus de trente ans dans la plupart des anciens pays communistes d’Europe centrale et orientale, Raiffeisen a développé un important réseau de banques de détail en Russie, au point d’intégrer la liste des établissements d’importance systémique établie par la Banque centrale de Russie. . Cette forte présence se reflète dans les résultats financiers du groupe : en 2023, ses activités russes ont encore réalisé plus de 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 1,34 milliard de bénéfices, soit 52% de ses résultats totaux.
Pour Raiffeisen, comme pour les autres banques visées, les profits générés en Russie n’ont, en eux-mêmes, rien d’illégal, en l’absence d’un embargo total à son encontre. « Si les banques européennes restent (là-bas)c’est parce que les entreprises européennes continuent de commercer avec le payssouligne Nicolas Véron, économiste à l’Institut Bruegel, à Bruxelles, et au Peterson Institute for International Economics, à Washington. Reste à savoir si les banques ont besoin d’être présentes dans la banque de détail. Les transactions commerciales avec les banques en Russie peuvent être poursuivies sans nécessairement fournir des services bancaires de détail aux soldats et vétérans de l’armée russe. »
Depuis le début du conflit en Ukraine, Raiffeisen cherche le meilleur moyen de se désengager du marché russe. Elle n’est cependant pas prête à assumer une sortie coûteuse, contrairement par exemple à la Société Générale française, qui s’est soldée par une perte de 3,1 milliards d’euros lors de la vente de sa filiale Rosbank.
La sincérité de la démarche de la banque autrichienne a également été remise en question mardi 16 avril, lorsque le Temps Financier a révélé avoir identifié plusieurs dizaines d’offres de recrutement de Raiffeisen en Russie, dont certaines mentionnaient un objectif de « une croissance des revenus à deux chiffres ». La banque a expliqué au quotidien britannique que les objectifs évoqués n’avaient pas été actualisés depuis le début de la guerre.
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