La Serbie met son armée en état d’alerte après les tensions au Kosovo

L’armée serbe est en état d’alerte maximale depuis lundi soir, après une demande du président, qui a exigé que les troupes soient « au plus haut niveau de préparation au combat ». Depuis plusieurs semaines, le Kosovo, pays dont l’indépendance n’a jamais été reconnue par Belgrade, est le théâtre de nombreuses tensions provoquées par des Serbes en colère contre l’arrestation d’un ancien policier.

L’armée serbe a indiqué avoir placé ses troupes en état d’alerte renforcée lundi soir 26 décembre, une situation qui souligne les tensions récentes au Kosovo voisin où des tirs et des explosions ont eu lieu et où des barrages routiers ont été érigés.

« Le président a ordonné à l’armée serbe d’être au plus haut niveau de préparation au combat, c’est-à-dire au niveau d’utilisation de la force armée », a déclaré le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic, dans un communiqué.

Le général Milan Mojsilovic, chef des armées serbes, a annoncé qu’il avait été envoyé par le président de la Serbie Aleksandar Vucic à la frontière avec le Kosovo.

« La situation là-bas est compliquée », a déclaré dimanche soir le chef d’état-major à la télévision Pink, en route pour Raska, à dix kilomètres de la frontière avec le Kosovo.

Il a ajouté que cela nécessitait « la présence de l’armée serbe le long de la ligne administrative », terme utilisé par les autorités serbes pour désigner la frontière avec le Kosovo.

Et le ministère serbe de l’Intérieur a indiqué que « toutes les unités » passeront « immédiatement sous le commandement du chef d’état-major général ».

Tensions et barrages routiers depuis des semaines

La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée en très grande majorité d’Albanais, qu’elle a proclamée en 2008. Elle encourage les 120 000 Serbes du Kosovo à défier les autorités locales, à l’heure où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur tout le territoire.

Plusieurs centaines de Serbes du Kosovo ont érigé des barrages routiers dans le nord du Kosovo depuis le 10 décembre pour protester contre l’arrestation d’un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux points de passage frontaliers avec la Serbie.

Peu avant le départ du général Mojsilovic pour la zone frontalière, plusieurs médias serbes ont diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle on entend des coups de feu, affirmant qu’il s’agissait de « bagarres » qui se sont déroulées en début de soirée lorsque les forces kosovares ont tenté de démanteler une barricade.

Cela a été immédiatement démenti par la police kosovare qui a affirmé sur sa page Facebook que ses membres n’avaient participé à aucun échange de tirs.

Une patrouille de la Kfor « attaquée »

Les médias de Pristina, en revanche, ont affirmé qu’une patrouille de la Force de maintien de la paix au Kosovo (Kfor), une mission de l’OTAN, se trouvait dans la zone de tir.

Le ministre kosovar de l’Intérieur, Xhelal Svecla, a affirmé que la patrouille de la Kfor avait été attaquée.

De son côté, la Kfor a annoncé qu’elle enquêterait sur des fusillades « le 25 décembre, près d’une patrouille de la mission de l’Otan au Kosovo ».

« Il n’y a pas eu de blessés ni de dégâts matériels », a déclaré la Kfor dans un communiqué.

Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police du Kosovo, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté massivement leurs postes, en signe de protestation contre une décision, désormais suspendue par le gouvernement de Pristina, d’interdire les Serbes qui vivent au Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation délivrées par la Serbie.

La situation au Kosovo est « au bord du conflit armé », a déclaré la semaine dernière la Première ministre serbe, Ana Brnabic.

(avec AFP)

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