Tunie, unanime, en colère. C’est ainsi que la gauche s’est présentée samedi 21 septembre, à l’annonce de la composition du gouvernement Barnier. Et, dans la foulée, le verdict est tombé : censure immédiate, il n’y a rien à négocier ! Pour le président de la République, le drame de la dissolution se poursuit jour après jour. Son pari, au soir du 9 juin, était d’achever l’œuvre entreprise en 2017 : briser la gauche pour élargir le centre après la fracture béante apparue pendant la campagne des européennes entre le camp de Glucksmann et les troupes mélenchonistes. L’unité de la gauche, au contraire, s’est renforcée malgré les multiples failles qui rongent depuis deux ans la Nouvelle Union populaire écologique et sociale.
Elle s’est d’abord reconstituée autour de la lutte contre le Rassemblement national, dont la dangerosité ne faisait aucun doute. Elle s’est ensuite retournée contre Emmanuel Macron et sa pratique du pouvoir, alors que le chef de l’État tentait de surmonter la défaite de son camp aux législatives et de mettre un peu d’ordre dans le désordre qu’il avait créé. Son refus de nommer, dans une Assemblée nationale sans majorité, un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire (NFP), sous prétexte d’une censure immédiate, alors que cette coalition était arrivée en tête, a entretenu dans l’électorat de gauche un puissant sentiment d’injustice et alimenté une incompréhension démocratique qui ne faiblit pas.
La colère a donc joué et parfois surjoué dans les réactions des différents représentants du NFP, y compris les plus mesurés, en découvrant la composition du gouvernement minoritaire de Michel Barnier : une coalition de partis défaits, penchant de plus en plus à droite, dont l’un, Les Républicains (LR), s’était également exonéré du front républicain. « Il fallait un changement, nous avons la Restauration »s’est indigné l’ancien président de la République François Hollande. « Une gifle à la démocratie »s’insurge le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure.
Bien sûr, il y a une certaine part de mauvaise foi et de non-dits dans la mise en scène de ce que d’autres appellent« arnaque démocratique ». Dans leur colère, les socialistes oublient de considérer que, s’ils avaient vraiment poussé la candidature de Bernard Cazeneuve, celle de Michel Barnier n’aurait pas existé, que si une partie de la gauche dite « de gouvernement » avait accepté de gouverner, le retour au pouvoir de la droite la plus conservatrice n’aurait pas été inéluctable, que si la culture du compromis avait joué à plein dans cette Assemblée dépourvue de majorité, nous n’en serions pas là. Ce n’est pas leur sujet.
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