« La ville sous les cendres », le thriller ultime de Don Winslow ?

C’est le troisième volet d’une trilogie de Don Winslow, le maître du polar, qui annonce en couverture qu’il s’agit de son dernier roman. Faut-il le croire ?

Après La ville en feu Et La ville des rêves, voici le troisième volet de la série : une trilogie qui se veut une transposition moderne des tragédies grecques d’Eschyle ou de l’épopée de Virgile. Ici, les personnages sont des gangsters au destin tragique, et l’ambiance générale met en scène le pouvoir délétère de l’argent. La vengeance, la corruption et la mafia se prêtent parfaitement à ce décor. Ce sont les turpitudes du monde moderne vues sous l’angle d’une tragédie antique.

L’heure des comptes est venue

Dans La ville sous les cendres on retrouve un Danny Ryan paisible et chanceux, voire impossible. Le gangster irlandais de Providence est devenu un heureux père de famille, au sommet de sa réussite avec ses casinos de Las Vegas. Mais cette apparente sérénité aura une fin.

En cause : l’ambition démesurée de Danny Ryan, pris à son propre piège alors qu’il réveille jalousies et rivalités. Son passé de petit gangster irlandais du Rhode Island reviendra en force dans sa vie. D’autant que ses ennemis sont nombreux. On retrouve également dans ce troisième volet un certain nombre de personnages croisés lors des deux romans précédents. Et s’ils sont morts – car on meurt souvent dans ce monde de gangsters –, leurs enfants reprennent parfois le flambeau.

Don Winslow décrit une fois de plus un monde fait de violence et d’attaques tordues, où l’honneur bafoué déclenche une spirale sans fin, où le bras ne doit pas trembler sous peine de payer de sa vie. Mais dans ce monde impitoyable, il reste encore un peu d’espoir.

Roman ultime ?

La référence aux épopées anciennes marque un cadre quelque peu artificiel, qui donne une certaine ampleur au récit. Don Winslow propose donc un peu moins d’action à ses personnages et un peu plus d’introspection. Cependant, rassurons-nous, l’auteur a encore de quoi décrire des scènes captivantes sous la plume.

Il prétend qu’il s’agit de son dernier roman et le confirme dans de longs remerciements à la fin du livre. J’avoue que je n’y crois qu’à moitié. Don Winslow dit vouloir se consacrer à la politique, afin de combattre les idées de Donald Trump. Ce qu’il fait déjà, d’ailleurs, avec le contenu de ses romans – et notamment celui-ci dans lequel certains personnages et certaines idées sont difficilement compatibles avec le (probable) candidat républicain à la prochaine présidentielle américaine.

La ville sous les cendresDon Winslow (Harper Collins)