L’Abbaye de Fontevraud réinvente son décor d’antan

L’abbaye royale de Fontevraud (Maine-et-Loire) célèbre cet automne les 900 ans d’Aliénor d’Aquitaine avec un nouveau décor, inspiré du riche mobilier du XVIIe siècle dispersé à la Révolution, pour accompagner le gisant médiéval de cette reine, joyau de l’église abbatiale.

Intitulée « D’un monde à l’autre, la dernière demeure d’Aliénor à Fontevraud », cette exposition programmée à partir de samedi jusqu’en mars 2025 commémore les neuf siècles écoulés depuis la naissance d’Aliénor, femme puissante au destin exceptionnel, née en 1124 (ou 1122 selon les sources) et morte en 1204.

La scénographie en bois massif fait revivre le décor ornemental commandé par une abbesse du XVIIe siècle pour entourer majestueusement les gisants polychromes d’Aliénor, de son second époux, du roi Henri II Plantagenêt d’Angleterre (1133-1189) et de leur fils Richard Cœur de Lion (1157-1199).

“Ce que nous avons recréé in situ, c’est le ‘cimetière des rois’ : c’est la chapelle funéraire des Plantagenêts, notamment d’Aliénor d’Aquitaine et de Richard Cœur de Lion, qui a été construite au XVIIe siècle par l’abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon, fille naturelle d’Henri IV”, explique à l’AFP Nicolas Dupont, conservateur de l’abbaye.

Cette reconstitution est le fruit d’une enquête menée par un conservateur du patrimoine, Florian Stalder, qui a redécouvert dans des églises proches de Fontevraud certaines pièces, tels que des retables et des panneaux, provenant probablement de ce décor du XVIIe siècle et dispersés à la Révolution.

“Ce n’est pas identique”, précise toutefois Nicolas Dupont, car seule une gravure partielle d’époque donne une idée du décor construit par Jeanne-Baptiste de Bourbon (1608-1670). “C’est à la fois un projet scénographique, presque artistique, et aussi un mélange d’originaux. C’est une sorte de reconstruction” en taille réelle, fait-il valoir.

Des illustrations pyrogravées sur de grands panneaux de bois mettent en scène les destins entrelacés d’Aliénor et de Jeanne-Baptiste.

« Construire des monuments funéraires, c’est asseoir leur image, note Nicolas Dupont. Aliénor veut créer une nécropole dynastique (des Plantagenêts, ndlr) à l’image de celle des Capétiens à Saint-Denis.

Et Jeanne-Baptiste inaugura ce cimetière des rois deux ans après être devenue abbesse, et elle en profita pour faire sa cérémonie d’intronisation.”

L’Abbaye royale de Fontevraud, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, est présentée comme la plus grande cité monastique héritée du Moyen-Âge en Europe. Construite à partir du XIIe siècle, l’abbaye fut transformée en prison après la Révolution, rôle qu’elle conserva jusqu’en 1963.

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