SIl est temps de lutter contre le changement climatique. Presque partout dans le monde, le rythme de la décarbonation de l’économie est devenu un sujet de polarisation politique. L’élan impulsé par la signature de l’accord de Paris s’essouffle. Face aux efforts et aux bouleversements à venir, le doute s’installe et les réticences grandissent. À moins d’une semaine des élections européennes, le Green Deal, à peine adopté par les Vingt-Sept, est déjà menacé. L’extrême droite et une partie de la droite européenne prônent un démantèlement des mesures votées par la Commission européenne sortante ces derniers mois.
N’en faisons-nous pas trop ? N’allons-nous pas trop vite ? Ne risquons-nous pas de déstabiliser dangereusement nos économies et de sacrifier imprudemment notre niveau de vie ? Si ces questions sont légitimes, les réponses sont plus contre-intuitives que ne le suggère le simplisme de certains programmes électoraux. Une étude empirique publiée il y a quelques jours par le National Bureau of Economic Research affirme que l’inaction climatique risque de coûter bien plus cher que prévu.
Les auteurs, Adrien Bilal, chercheur à Harvard, et Diego Känzig, de l’Université Northwestern, ont développé une nouvelle approche statistique pour évaluer l’effet d’une augmentation de la température moyenne mondiale sur l’activité économique. Ils ont calculé qu’une hausse de deux degrés d’ici 2100 entraînerait une baisse du PIB mondial d’environ 50 %. « Cela entraînerait une réduction moyenne du pouvoir d’achat de 31 %, un niveau équivalent à celui observé au plus fort de la Grande Dépression américaine de 1929 »explique Adrien Bilal.
Le consensus ébranlé
Ce travail est perturbateur à plus d’un titre. Premièrement, cela remet en cause l’idée selon laquelle la procrastination et la résistance aux changements nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique protégeraient la croissance et maintiendraient notre niveau de vie. Surtout, elle bouscule le consensus qui prévalait jusqu’ici sur l’effet relativement modéré du climat sur l’activité économique.
Alors que les scientifiques mettent en garde contre la menace d’une planète invivable à l’approche de la fin du siècle, la plupart des projections des macroéconomistes – à commencer par le lauréat 2018 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques, William Nordhaus – prévoient en moyenne que L’impact du réchauffement climatique est assez faible, de l’ordre d’un à deux points de PIB par degré supplémentaire à la surface du globe.
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SIl est temps de lutter contre le changement climatique. Presque partout dans le monde, le rythme de la décarbonation de l’économie est devenu un sujet de polarisation politique. L’élan impulsé par la signature de l’accord de Paris s’essouffle. Face aux efforts et aux bouleversements à venir, le doute s’installe et les réticences grandissent. À moins d’une semaine des élections européennes, le Green Deal, à peine adopté par les Vingt-Sept, est déjà menacé. L’extrême droite et une partie de la droite européenne prônent un démantèlement des mesures votées par la Commission européenne sortante ces derniers mois.
N’en faisons-nous pas trop ? N’allons-nous pas trop vite ? Ne risquons-nous pas de déstabiliser dangereusement nos économies et de sacrifier imprudemment notre niveau de vie ? Si ces questions sont légitimes, les réponses sont plus contre-intuitives que ne le suggère le simplisme de certains programmes électoraux. Une étude empirique publiée il y a quelques jours par le National Bureau of Economic Research affirme que l’inaction climatique risque de coûter bien plus cher que prévu.
Les auteurs, Adrien Bilal, chercheur à Harvard, et Diego Känzig, de l’Université Northwestern, ont développé une nouvelle approche statistique pour évaluer l’effet d’une augmentation de la température moyenne mondiale sur l’activité économique. Ils ont calculé qu’une hausse de deux degrés d’ici 2100 entraînerait une baisse du PIB mondial d’environ 50 %. « Cela entraînerait une réduction moyenne du pouvoir d’achat de 31 %, un niveau équivalent à celui observé au plus fort de la Grande Dépression américaine de 1929 »explique Adrien Bilal.
Le consensus ébranlé
Ce travail est perturbateur à plus d’un titre. Premièrement, cela remet en cause l’idée selon laquelle la procrastination et la résistance aux changements nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique protégeraient la croissance et maintiendraient notre niveau de vie. Surtout, elle bouscule le consensus qui prévalait jusqu’ici sur l’effet relativement modéré du climat sur l’activité économique.
Alors que les scientifiques mettent en garde contre la menace d’une planète invivable à l’approche de la fin du siècle, la plupart des projections des macroéconomistes – à commencer par le lauréat 2018 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques, William Nordhaus – prévoient en moyenne que L’impact du réchauffement climatique est assez faible, de l’ordre d’un à deux points de PIB par degré supplémentaire à la surface du globe.
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