L’Algérie élit son président, victoire attendue pour Abdelmadjid Tebboune

Plus de 24 millions d’Algériens sont appelés aux urnes samedi pour une élection présidentielle, qui devrait voir la réélection sans surprise du président Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat et dont le principal enjeu réside dans le taux de participation.

Les bureaux de vote sont ouverts de 07h00 à 18h00 GMT. Les premiers résultats pourraient être connus samedi soir, et l’annonce officielle est attendue au plus tard dimanche.

“Le vainqueur est connu d’avance”, compte tenu de “la qualité”, du “nombre inhabituellement faible” des concurrents et des “conditions dans lesquelles s’est déroulée la campagne électorale, qui n’est rien d’autre qu’une farce”, a déclaré sur Facebook l’expert en sciences politiques Mohamed Hennad.

Face au président sortant se trouvent deux candidats peu connus : Abdelaali Hassani, ingénieur des Travaux publics de 57 ans et patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, 41 ans, ancien journaliste et sénateur, patron du Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition, basé en Kabylie (est).

La réélection de M. Tebboune, 78 ans, est d’autant plus certaine que quatre grands partis soutiennent sa candidature, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique) et le mouvement islamiste El Bina.

“Le président veut une forte participation. C’est le premier enjeu. Il n’oublie pas qu’il a été élu en 2019 avec une faible participation. Il veut être un président normal, pas un président mal élu”, explique à l’AFP Hasni Abidi, du Centre d’études Cermam de Genève.

– “La deuxième économie d’Afrique”-

L’abstention avait battu des records (60%) lors du scrutin remporté par M. Tebboune en décembre 2019 avec 58% des voix, alors que des manifestations massives pour un changement du système en vigueur depuis l’indépendance (1962) battaient leur plein.

Ce mouvement de contestation, le Hirak, venait, en avril, de chasser du pouvoir, avec la puissante armée, le prédécesseur de M. Tebboune, Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans de règne.

Confrontés au spectre d’une faible participation, M. Tebboune et ses adversaires sillonnent le pays depuis la mi-août, mais la campagne, inhabituellement organisée en pleine canicule estivale, n’a suscité que peu d’enthousiasme.

Les Algériens résidant à l’étranger, 865.490 électeurs selon l’Anie, votent depuis lundi.

Les trois candidats ont axé leurs discours sur les questions socio-économiques, promettant d’améliorer le pouvoir d’achat et de relancer l’économie pour qu’elle soit moins dépendante des hydrocarbures (95% des recettes en devises).

En politique étrangère, il existe un consensus sur les causes palestinienne et sahraouie, défendue par tous les prétendants.

Aidé par la manne gazière, M. Tebboune a promis de nouvelles augmentations de salaires et de retraites, des investissements, deux millions de nouveaux logements et 450.000 nouveaux emplois, pour faire de l’Algérie “la deuxième économie d’Afrique”, derrière l’Afrique du Sud.

– “Tolérance zéro” –

A l’issue de la campagne mardi, celui que les réseaux sociaux surnomment affectueusement “aammi Tebboune” (Tonton Tebboune) s’est engagé à donner aux jeunes – plus de la moitié des 45 millions d’habitants et un tiers des électeurs – la “place qui leur convient”.

M. Tebboune affirme que son premier mandat de cinq ans a été entravé par le Covid-19 et la corruption de son prédécesseur, dont il a été ministre à plusieurs reprises.

Ses rivaux promettent davantage de libertés. Le candidat du FFS s’engage à « libérer les prisonniers d’opinion par une amnistie et à réexaminer les lois injustes » sur le terrorisme ou les médias. Le candidat du MSP prône « le respect des libertés réduites à néant ».

Selon M. Abidi, cinq ans après le Hirak, étouffé par les interdictions de rassemblements liées au Covid et l’arrestation de ses principales figures, le bilan de M. Tebboune souffre d'”un déficit de démocratie” qui pourrait constituer un handicap lors d’un nouveau mandat.

L’ONG Amnesty International a accusé cette semaine le gouvernement de continuer à « étouffer l’espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains », avec « de nouvelles arrestations arbitraires » et « une approche de tolérance zéro à l’égard des opinions dissidentes ».

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD, algérien), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés sont toujours emprisonnées ou poursuivies.

abh/fka/tp

Anna

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