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« L’Année de la sauterelle », « Papi Mariole », « L’Inuite », les onze polars et thrillers à ne pas manquer ce printemps

De Terry Hayes à Mo Malø, en passant par Benoît Philippon et Niko Tackian, voici notre sélection de romans policiers et thrillers pour ce printemps 2024. Un choix forcément subjectif et non exhaustif. A lire sans modération.

« L’année de la sauterelle » : à la poursuite d’un fantôme venu du froid

Dix ans après je suis un pèlerin (JC Lattès), Terry Hayes récidive avec un thriller géopolitique haletant et addictif. L’année de la sauterelle, bien documenté, au rythme rapide, est un roman d’espionnage qui aborde des thèmes actuels. Ridley Walker n’est pas James Bond et Abu Muslim al-Tundra n’est pas le docteur n°. Conteur exceptionnel, Terry Hayes sait rendre ses personnages sublimement et désespérément humains. Le lecteur s’attache à la fois aux gentils et aux méchants. C’est peut-être là que réside le talent de l’auteur à éviter les stéréotypes. Dans cette traque aux frontières du Pakistan, de l’Iran et de l’Afghanistan, le lecteur va de rebondissements en rebondissements, happé par un suspense qui ne s’essouffle jamais. Captivant et incisif.

(« L’année de la sauterelle », Terry Hayes, traduit par Sophie Bastide-Foltz, JC Lattès, 23,90 euros)

« Papi Mariole » : un roman qui fait du bien

Quelque part entre Donald Westlake et Daniel Pennac, entre éclat de rire salvateur et gentillesse désintéressée, Papi Mariole (Albin Michel) est un voyage au bout de la jubilation. Benoît Philippon écrit un livre hilarant, plein de tendresse et d’humanisme. Et d’une originalité explosive. Papi Mariole, atteint de la maladie d’Alzheimer, a hâte de mourir dans son Ehpad. Alors il s’en va. Car Mariole a une mission à accomplir. Lequel ? Il ne s’en souvient plus. Maudite maladie d’Alzheimer. Mariole est un tueur à gages, ce qui complique un peu sa tâche. En compagnie de Mathilde, victime de vengeance porno, et de Madame Chonchon, sa truie de compagnie, Papi part en guerre pour réparer les injustices, et rendre ce monde un peu plus vivable. On rit souvent avec Papi Mariole, et entre deux éclats de rire, deux des sourires, pensons-nous aussi. Radieux.

(“Papi Mariole” de Benoît Philippon, Albin Michel, 19h90 euros)

« Du sang d’encre à Marrakech » : Gabrielle Kaplan est de retour

Melvina Mestre continue d’explorer le Maroc d’avant l’indépendance. Après Crépuscule à Casablanca (Points), on retrouve Gabrielle Kaplan, une jeune détective dans une enquête complexe. Nous sommes en 1952, les corps de deux prostituées portant le même tatouage sur le ventre sont découverts à Casablanca. Bientôt, d’autres victimes tatouées rejoignent la liste des meurtres. La police, débordée, a fait appel à Gabrielle Kaplan qui lorgnait une piste près de Marrakech. Melvina Mestre, qui a grandi dans la capitale économique marocaine, nous fait voyager dans un passé colonial. Au-delà de la carte postale surannée, Melvina Mestre met en place une intrigue que l’on prend plaisir à explorer. Découvrir.

(“Sang d’encre à Marrakech”, Melvina Mestre, Points, 12,50 euros)

« Les Inuits » : Mo Malø sonde le passé

Mo Malø le prouve, une fois de plus, avec L’Inuit (La Martinière), tout son talent d’écrivain qui sait tenir son lecteur en haleine de la première à la dernière page. Alors qui est Paninguaq Madsen, connue sous le nom d’Inuit, l’énigmatique sage-femme ? Une belle âme altruiste ou un dangereux criminel lancé dans un règlement de compte ? Pourquoi est-elle toujours présente sur les lieux du crime ? Et que s’est-il passé dans les années 1950 ? Quels étaient les objectifs des autorités danoises en lançant une expérience déshumanisante sur 22 jeunes enfants inuits, censés devenir plus tard l’élite du Groenland ? Quel fut leur sort ? Quel est le résultat de cette acculturation au forceps ? Mo Malø mène deux récits parallèles en entremêlant une enquête sur des meurtres et une enquête sur des enfants arrachés à leurs familles. Y a-t-il un lien entre les deux histoires ? Mo Malø, pseudonyme de l’écrivain français Frédéric Mars, plonge son roman noir dans des brûlures encore vives. Original.

(“L’Inuit”, Mo Malø, La Martinière, 21 euros)

« Black Triangle », le thriller sombre et angoissant de Niko Tackian

Pour son dixième roman, Triangle noir (Calmann-Lévy), Niko Tackian ne fait pas de dentelle. Les méchants sont très méchants, au-delà du bien et du mal. La gendarmerie découvre dans la forêt vosgienne deux corps, vidés de certains organes, après avoir reçu un email indiquant des coordonnées GPS précises. Peu de temps après, un jeune apprenti disparaît. L’auteur de La Lisière nous entraîne dans une enquête hors du commun. Triangle noir est une immersion dans une histoire morbide, à la frontière de l’aliénation. L’auteur crée une tension insupportable. Il entame dès les premières pages une course contre la montre pour sauver le jeune apprenti, afin qu’il ne connaisse pas le terrible sort des premières victimes. Qui sont les ravisseurs ? Où cachent-ils leurs victimes ? Le pourquoi passe rapidement au second plan. Grâce à une écriture fluide et nerveuse, Niko Tackian entraîne ses lecteurs dans une histoire anxiogène, dont les racines sont américaines. Inquiétant.

(“Triangle Noir” par Niko Tackian, Calmann-Lévy, 19h90 euros)

“Le joueur” : David Baldacci double la mise

David Baldacci renouvelle le roman noir en revenant à l’essentiel. Avec tout de même une nuance de taille : son personnage, Aloysius Archer, se démarque dans l’Amérique de la fin des années 1940 par sa personnalité et ses idées progressistes. Aloysius Archer avait été abandonné dans les rues poussiéreuses de Ville de Poca et on le trouve à Bay Town, en Californie. L’ancien détenu a l’intention de devenir détective privé. En route pour Reno, il gagne le casino, met la main sur une belle décapotable et rencontre Liberty Callahan, un chanteur pas comme les autres, qui rêve de devenir une star à Hollywood. Et bien sûr des tueurs. Le joueur est un western urbain, un thriller suranné, traversé de thématiques universelles. David Baldacci continue de regarder l’Amérique dans les yeux.

(« Le joueur » de David Baldacci, traduit par Elvis Roquand, Talent Éditions, 22h90 euros)

« Mort à l’université » : professeur d’histoire, métier à risque

Le roman commence sur un faux rythme. Un professeur d’histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale, est abattu avec un revolver de collection utilisé dans les tranchées. Crime passionnel? Mais lorsqu’un autre enseignant, principal suspect, décède dans les mêmes conditions, le capitaine Tarate est pour le moins déconcerté. Qui peut attaquer les professeurs d’histoire ? La guerre des enseignants est-elle déclarée ? Et qui de mieux placé pour cette production que Jean-Yves Le Naour, docteur en histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l’entre-deux-guerres, et auteur de « La Première Guerre mondiale pour les nuls » ? Décès à l’université (Calmann-Lévy) est une lecture délicieuse.

(« Mort à l’université” de Jean-Yves Le Naour, Calmann-Lévy, 18,50 euros)

« Nos âmes sombres » : derrière les façades

Pour son premier roman, Sarah Bordy a mis dans le mille avec Nos âmes sombres (Editions du Gros Caillou). Un livre hanté et crépusculaire. La jeune avocate ne se contente pas des belles façades d’une ville de province, elle préfère regarder derrière le décor. A Pontarlier, les ambitions s’aiguisent, les secrets débordent et les cadavres refont surface. C’est dans une ambiance lourde qu’un lieutenant de gendarmerie entreprend d’élucider un meurtre qui secoue la ville. Sarah Bordy déjoue les codes qui régissent une société lasse de son passé et méfiante à l’égard de son présent. Nos âmes sombres, un livre dense, violent et lucide. Sarah Bordy, une fine observatrice. Découverte.

(“Nos âmes sombres” de Sarah Bordy, Éditions du Gros Caillou, 21 euros)

« Cinq mois de décembre » : la chasse solitaire

L’histoire s’accélère soudainement. James Kestrel a la patience d’un marathonien et la vitesse d’un sprinter. Dans Cinq mois de décembre (Calmann-Lévy), grâce à un style incisif, il nous plonge dans un thriller historique impressionnant, tant au niveau des personnages que des situations et ambiances rendues avec une précision chirurgicale. L’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. L’Amérique est sur le point de sombrer dans le conflit lorsqu’un double meurtre extrêmement violent est commis à Honolulu. L’inspecteur McGrady, qui débute sa carrière dans la police après avoir quitté l’armée, est chargé du dossier. Une chasse épique s’ensuit. Brillant.

(« Cinq mois de décembre » de James Kestrel, traduit par Estelle Roudet, Calmann-Lévy, 22,90 euros)

« 7 minutes plus tard » : la descente est longue

Que s’est-il passé pendant le trajet interminable en ascenseur ? Sept longues minutes qui vont changer le cours de la vie des protagonistes. Pour son premier roman traduit en français, Bonnie Kistler nous plonge dans l’univers feutré du monde des affaires. D’une plume alerte et élégante, elle raconte une histoire d’une grande originalité. La jeune avocate Shay termine sa journée et se prépare à rentrer chez elle. En se dirigeant vers l’ascenseur, elle croise Lucy. Les deux femmes prennent l’ascenseur. A l’arrivée, un seul survivant. La cabine est éclaboussée de sang. Bonnie Kistler, ancienne avocate d’affaires, connaît parfaitement les rouages ​​du monde de l’entreprise. L’auteure prend plaisir à égarer ses lecteurs. 7 minutes plus tard (Plon) peut être lu en une seule fois. Fascinant.

(« 7 minutes plus tard » de Bonnie Kistler, traduit par Maxime DesGranges, Plon, 22,90 euros)

« L’assassinat considéré comme une affaire de femmes » : hommage aux reines du crime

Ce n’est pas seulement un roman policier mais aussi et surtout un hommage à celles qui ont créé des personnages et des histoires inoubliables : les reines du crime. Passionné par cette littérature et particulièrement par les auteurs, François Rivière partage ses coups de coeur avec les lecteurs dans un livre personnel rempli d’anecdotes. Assassination Considéred a Women’s Affair est aussi un livre de rencontres, notamment avec Patricia Highsmith, PD James et surtout Ruth Rendell, sa préférée. François Rivière livre un roman généreux et lumineux. Délicieux.

(« L’assassinat considéré comme une affaire de femmes » par François Rivière, Calmann-Lévy, 18,50 euros)

Juliette

À chaque coup de stylo, créez des histoires captivantes. Découvrez des vérités cachées à la fois. 📝 🔍

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