Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Jeudi 2 mai 2024 : l’écrivain, Laurent Gounelle. Il vient de publier un nouvel ouvrage, « Un monde presque parfait », aux Éditions Mazarine.
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Enfant, l’imagination de Laurent Gounelle débordait. Avec l’écriture et la lecture, il disposait de deux moyens pour échapper à une éducation assez stricte. Malgré des évidences enfantines et précoces, il tente de travailler comme responsable d’études financières dans une grande entreprise, ce qui le conduit à une remise en question personnelle et existentielle. Un déclic qui a fait son effet puisqu’il est devenu consultant en relations humaines et écrivain, avec un travail basé sur le bonheur et qui laissera des traces, L’homme qui voulait être heureux, sorti en 2008.
Aujourd’hui, Laurent Gounelle est de retour avec Un monde presque parfait publié aux Éditions Mazarine.
franceinfo : Dans votre nouveau livre, vous proposez de reprendre le contrôle de notre pouvoir de décision, de viser la liberté et donc de nous réapproprier nos vies. Enfin, c’est un peu l’histoire de votre vie que vous nous racontez à travers cet ouvrage.
Laurent Gounelle : En effet, avec mon parcours et notamment mes échecs. Suite à un mauvais parcours professionnel il y a 30 ou 35 ans, je pense avoir compris, à un moment donné, que la prise de décision était un élément essentiel de notre humanité. On a un peu tendance à y renoncer, sachant qu’en même temps, la société a tendance à prendre de plus en plus de décisions à notre place.
“Décider, c’est exercer sa liberté. Cela nous permet aussi d’évoluer. Je pense qu’on évolue dans notre vie au travers des décisions que l’on prend, y compris les mauvaises, c’est-à-dire quand on se trompe.”
Laurent Gounellesur franceinfo
L’histoire est celle de deux êtres, David et Eve. Il est chercheur et vit parmi les Réguliers, une société hyperconnectée, hypernormée, organisée autour du bien-être des individus. Elle est libre, indépendante, refuse l’autorité. Et on se rendra compte à travers ces deux personnalités complètement différentes, à quel point elles regardent la ligne d’horizon de la même manière.
Je pense que chaque être humain cherche à s’épanouir dans la vie, nous cherchons à être heureux. Et le modèle de société nous affecte, ne serait-ce que parce qu’il induit un certain nombre de valeurs et de croyances. J’aime toujours prendre du recul et inviter le lecteur à travers une histoire, à prendre un petit pas de recul sur notre société et sur notre fonctionnement et ce après quoi nous courons sans forcément nous en rendre compte, sans forcément l’avoir consciemment en tête.
Vous citez Victor Hugo : «Ce n’est rien de mourir, c’est terrible de ne pas vivre“. Est-ce l’adage qu’il faut retenir ?
Oui, quelque part, Victor Hugo nous interpelle sur le fait qu’on peut facilement, étrangement, ne pas vivre. Tout simplement en se laissant emporter par la société, par ce que l’on attend des autres. À un moment donné, se dire que le confort est un peu engourdi et que cela vaut peut-être la peine de donner un coup de pied dans la fourmilière. Je sais vraiment ce que j’ai dans l’estomac. Qu’est-ce que je veux au fond de moi ?
Selon vous, quelles sont les clés pour s’en sortir, pour reprendre sa vie en main ?
Nos vies sont trop chargées et quand il y a un moment de vide, même si ce n’est que dans une salle d’attente, nous sortons le téléphone portable et allons regarder les informations en ligne ou autre. Et c’est un peu dommage car en fait, on gagne à être un peu seul avec soi-même. Nous bénéficions d’avoir des moments de silence. C’est à ce moment-là que nous apprenons à nous connaître.
« Nous ne pouvons pas nous passer de la connaissance de soi. Et pour se connaître, se connaître, il est utile de s’autoriser un peu de vide dans sa vie.
Laurent Gounellesur franceinfo
C’est le premier élément de réponse. Un deuxième élément de réponse consiste à accepter l’échec. Mais il faut l’avoir vécu soi-même pour savoir que l’échec n’est pas grave, ce que j’ai découvert en me faisant licencier il y a 35 ans et en essayant de démarrer une box qui elle aussi tombait en panne. J’étais le perdant parfait. Et j’ai découvert qu’en fait, je n’avais pas perdu mes amis, je n’avais pas perdu ma famille et finalement j’ai compris que les gens ne m’aimaient pas pour ce que j’avais accompli, pour ce que j’avais réalisé. Les gens m’aimaient pour qui j’étais.
La liberté est au cœur de ce travail, comme depuis vos débuts. Dans Éveil, la liberté était le fil d’Ariane. Qu’est-ce que la liberté alors ? Sommes-nous vraiment libres ?
« Ce qui est sûr, c’est que la liberté est au cœur de ce qui fait de nous des humains. »
Laurent Gounellesur franceinfo
Au-delà de l’être humain, je pense que la liberté est essentielle à tous les êtres vivants. Vous prenez un éléphant en Afrique, il sera soumis au virus, à toutes les maladies, à la famine. Et pourtant, il vivra en moyenne 56 ans. Vous le mettez dans un zoo, vous lui donnez une nourriture parfaitement équilibrée et calculée pour répondre à ses besoins nutritionnels. Vous lui donnez des vaccins qui le protégeront des maladies. Il vivra 17 ans, car il n’est pas libre. C’est la seule différence. Je pense que chaque être vivant a besoin de liberté.
Pourquoi le « presque » dans le titre de votre œuvre Un monde presque parfait ?
Il y a évidemment une dimension d’ironie, car cette société qui est dépeinte, la société des Réguliers, peut paraître parfaite à bien des égards, car elle offre cette vie facile, confortable, agréable et prévisible. Et en même temps, le parti pris de dire qu’il faut une certaine incertitude dans la vie. Même si on fait tout pour tout planifier et tout anticiper, on a besoin d’incertitude et c’est ce qui donne, je pense, un peu du sel de l’existence.
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