INTERNATIONAL – Victime de relations qui se dégradent visiblement entre Moscou et Paris. La Commission d’enquête russe a annoncé ce jeudi 6 juin l’arrestation d’un Français, Laurent Vinatier, alors qu’il se trouvait à la terrasse d’un café de la capitale russe comme le montre une vidéo postée sur Telegram de l’organisme.
En Russie, un chercheur français arrêté par les autorités pour soupçon d’espionnage
Agé de 48 ans, Laurent Vinatier travaille pour une ONG suisse appelée Dialogue Humanitaire. “Nous travaillons pour obtenir plus de précisions sur les circonstances (de l’arrestation) et obtenir la libération de Laurent”a déclaré l’association au Figaro. Dans son entretien sur TF1 et France2, Emmanuel Macron a confirmé cette arrestation et s’est dit préoccupé par son sort.
Selon une courte biographie disponible sur le site de l’Institut Delors, Laurent Vinatier est un « spécialiste du monde post-soviétique, du Caucase et de l’Asie centrale » Et « travaille plus spécifiquement sur le conflit tchétchène ». Comme il l’a lui-même indiqué sur le réseau social professionnel LinkedIn, il a travaillé durant son doctorat, entre 2003 et 2006 à Sciences Po Paris, sur la diaspora tchétchène.
Chercheur, professeur, consultant… Laurent Vinatier jongle entre plusieurs casquettes et rejoint l’ONG Dialogue Humanitaire en 2014, qui s’occupe de « la prévention et la résolution des conflits armés dans le monde par la médiation et la diplomatie ». Les pays de prédilection du Français sont à l’image de sa trajectoire passée : Russie, Ukraine, Moldavie, Tadjikistan, Azerbaïdjan, Ouzbékistan. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’espace post-soviétique.
« Agent étranger »
Toujours en 2014, ajoute une source à Monde, Laurent Vinatier aurait joué un rôle dans le dialogue entre indépendantistes du Donbass et les autorités ukrainiennes, sous l’égide du Centre pour le dialogue humanitaire qui œuvre pour la résolution des conflits.
” Laurent Vinatier a des interlocuteurs très identifiés et de haut niveau du côté russe », ajoute cette source. C’est ce que confirme le correspondant moscovite Sylvain Tronchet dans C dans l’air : « Il n’est inconnu ni de la communauté française ni des autorités russes. La mise en scène de son arrestation n’est pas bon signe. »
La commission d’enquête russe, dirigée par le Kremlin, estime que lors de visites répétées en Russie, le Français a tenu des réunions avec des citoyens russes pour « collecter délibérément des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques de la Russie ».
Elle ajoute que « ces informations, si elles sont obtenues de sources étrangères, peuvent être utilisées contre la sécurité de l’État ». Laurent Vinatier est accusé de ne pas s’être inscrit comme« agent étranger » sur le territoire russe. Il risque jusqu’à cinq ans de prison.
Pas un espion français
Le mot espionnage n’a pas été utilisé par les autorités russes, mais c’est en sous-texte ce que l’exécutif français a retenu. D’ailleurs, interrogé sur le sujet lors de son entretien sur TF1 et France jeudi soir, Emmanuel Macron a confirmé l’interrogatoire et affirmé que“En aucun cas, ce n’était quelqu’un qui travaillait pour la France”.
Cette arrestation n’a lieu à aucun moment. La veille, mercredi, un Ukrainien-Russe avait été interpellé dans un hôtel de Roissy-en-France après avoir fait exploser par erreur un objet dans sa chambre d’hôtel. Le parquet national antiterroriste a été contacté.
Par ailleurs, ces dernières semaines, la Russie a été accusée par la France d’être à l’origine de plusieurs actes de sabotage, notamment les mains rouges taguées sur le Mur des Justes à Paris, et les faux cercueils de soldats. « Des Français morts en Ukraine » placé au pied de la Tour Eiffel. La relation franco-russe n’a pas fini de se dégrader.
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