« Vous cassez, vous réparez. Tu es sale, tu nettoies. Vous défiez l’autorité, on vous apprend à la respecter. » Gabriel Attal a prononcé cette phrase, prononcée une première fois lors de son discours de politique générale fin janvier, et une seconde fois, à Viry-Châtillon (Essonne), pour ses cent jours à Matignon, à la mi-avril, celle du slogans de son action. LE « déferlement d’autorité » Ce que réclame le Premier ministre face aux violences de certains adolescents passe par l’éducation. Mais même s’il parle de“École d’éducation civique” ou une autorité comme “condition d’émancipation”, M. Attal se place presque exclusivement dans le domaine répressif. Il porte sur les sanctions à mettre en œuvre, dès l’école primaire, ou sur une mention à placer dans le dossier Parcoursup d’un élève perturbateur. Une stratégie de communication qui a tout d’un calcul politique à quelques semaines des élections européennes, où l’extrême droite est donnée favorite dans les sondages.
Du côté des acteurs éducatifs, le rapport de force que l’ancien ministre de l’Éducation nationale veut établir avec les jeunes “sur la mauvaise pente” irrite et inquiète. « Cette vision risque d’avoir l’effet inverse de celui attendu et de créer un fossé encore plus grand entre éducateurs et éduqués. L’autorité repose sur une relation de confiance à établir entre l’enseignant et l’élève.juge Marie Beretti, enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université Jean-Monnet-Saint-Etienne.
Exigeant une autorité qu’ils savent consubstantielle à l’acte d’enseigner, les enseignants retiennent une autre définition que celle de Gabriel Attal. Bruno Robbes, professeur des sciences de l’éducation à l’Université Cergy-Paris et spécialiste du sujet, l’explique : « L’autorité n’a rien à voir avec l’autoritarisme qui envisage la relation éducative dans une relation de domination-soumission. L’influence de celui qui détient l’autorité tient précisément au fait que celui sur qui elle s’exerce accepte d’obéir, parce qu’il y reconnaît son intérêt. C’est sur cela que repose sa légitimité. »
De ce point de vue, obliger les élèves à se lever à l’arrivée d’un professeur, comme le souhaite le Premier ministre, apparaît comme une mesure cosmétique, voire un remède illusoire. L’autorité éducative se construit au fil du temps et avec l’expérience. Les formations demandées par les enseignants, même expérimentés, démontrent leur besoin d’analyser leurs pratiques en la matière, alors que le temps qui y est consacré en formation initiale a été réduit au fil des réformes.
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