Le démocrate Tim Walz, qui affronte le républicain JD Vance lors du débat de mardi, aime évoquer ses racines rurales dans le « Midwest » américain.
Mais à Butte, petite ville de 270 habitants où la colistière de Kamala Harris a fait ses études secondaires, Beth Lechtenberg rit à chaque fois qu’elle l’entend jouer cette carte.
“Le consensus ici est que nous ne voulons pas qu’il dirige notre pays”, a déclaré à l’AFP cet éleveur. “Sa morale et ses valeurs ne correspondent pas aux nôtres.”
La mère de trois enfants s’oppose au gouverneur du Minnesota sur tout, de l’avortement à sa gestion des manifestations Black Lives Matter.
Parce qu’à Butte, nous portons nos convictions de droite comme étendard. Un drapeau « Trump 2024 » flotte devant le centre communautaire qui servira de bureau de vote en novembre.
Entouré de champs de maïs, le village se compose d’un bureau de poste, d’une banque, d’un café familial et d’un bar. L’épicerie la plus proche se trouve à 10 kilomètres.
Sur un entrepôt agricole, une banderole « Dieu, les armes et Trump » était affichée en guise de devise.
Autant dire que Tim Walz n’est pas vraiment un prophète dans son pays. Le discours des locaux reflète plutôt la polarisation de l’Amérique : ils sont plutôt négatifs, même s’ils restent polis, comme le veut la tradition de la région.
“Je suis ami avec beaucoup de membres de sa famille. Et aucun d’entre eux ne dira rien de positif à son sujet”, déclare Brad Kallhoff, 58 ans, propriétaire d’une entreprise de transport. “On dit que Tim était un bon garçon à l’époque. Mais que lui est-il arrivé au Minnesota ?”
– “Déchiré” –
Né à West Point, enfance à Valentine, lycée à Butte : Tim Walz a partagé les débuts de sa vie dans trois petites villes du Nebraska.
Mais c’est Butte, où vit toujours sa mère, que le démocrate a mis en avant lors de son discours pour se présenter aux Américains lors de la convention démocrate en août.
Il a fait l’éloge de ce coin de campagne, où “la famille d’en bas ne pense peut-être pas comme vous (…), mais ce sont vos voisins, vous faites attention à eux et ils font attention à VOUS”.
Sa politique reste néanmoins très éloignée de celle du comté, qui a voté à 87 % pour Donald Trump lors de la dernière élection présidentielle.
Son ascension politique a été « très, très difficile » à digérer pour les habitants, confie Jean Hanson, un ami de lycée de M. Walz qui a quitté Butte en 1980.
“Ils veulent être fiers. C’est la meilleure chose qui soit arrivée à Butte depuis tant de décennies. Et pourtant, ils sont déchirés”, a déclaré la comptable de 63 ans depuis son domicile à Omaha, la plus grande ville du Nebraska.
« Ils veulent être fiers de lui, mais il est très démocrate », poursuit-elle. “C’est très difficile.”
– Le débat vice-présidentiel boudé –
A Butte, plusieurs habitants sont en effet reconnaissants à Tim Walz d’avoir sorti leur village de l’anonymat. Mais ils auraient aimé qu’il appartienne à leur famille politique.
“Cela donne de l’espoir aux gens, car cela montre qu’on peut s’en sortir en venant d’une si petite école et d’une si petite communauté”, concède Britanie Brewster, directrice du musée local.
Mais « ses opinions sont très différentes de celles des gens d’ici », ajoute d’emblée la trentenaire.
Peu d’habitants envisagent d’assister au débat de la vice-présidence mardi soir, qui se déroule en même temps qu’un match de volley-ball entre filles dans une école, une réunion des pompiers volontaires locaux et coïncide avec les récoltes de saison.
“Nous connaissons ses positions et je n’ai pas l’impression que nous allons apprendre quelque chose de nouveau”, poursuit Mme Lechtenberg, l’éleveuse. “Je pense que tout le monde sera aux champs. C’est une belle journée et ils vont travailler.”
Même la mère de M. Walz, Darlene, a expliqué à l’AFP qu’elle devait s’absenter mardi. Mais selon ses voisins, c’est pour une bonne raison : elle s’est envolée pour New York pour subvenir aux besoins de son fils.
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