Droit social. Le contentieux prud’homal n’est plus ce qu’il était. D’abord parce qu’il ne s’agit plus de celle du contrat de travail, mais de sa rupture : 90 % des demandes, contre 49 % en 1990. Et, sur les 112 837 qui ont été dénombrées en 2022, 78 407 visaient le motif du licenciement – 76 702 pour raisons personnelles et 1 705 uniquement pour raisons économiques : le litige autour d’un divorce professionnel.
Ensuite, parce que l’âge des candidats a augmenté significativement, plus que celui de la population active – un sur trois a plus de 50 ans –, aussi parce que « l’échelle Macron » de 2017 a eu un effet dissuasif pour les salariés de moins de cinq ans d’ancienneté : avec quatre ans, obtenez un maximum de cinq mois de dommages et intérêts…
Enfin, la section de gestion, très spécifique car interprofessionnelle, traite désormais un quart de l’activité des prud’hommes, avec des concentrations de 40 % dans la commune de Nanterre (voisine de La Défense) ou celle de Paris : 4 271 saisines sur 10 520 dans 2023. Comparé à une population totale de 3,5 millions d’habitants, le cadre du secteur privé est le salarié le plus pugnace. Hier aussi impensable pour cette petite élite (en 1960, leur salaire était quatre fois supérieur à celui d’un ouvrier, aujourd’hui il est 2,7 fois) que l’élection, en mars 2023, à la tête de la CGT de l’ancien patron de la CGT-Cadres. .
Outre un taux de chômage catégoriel très faible, cette « gentrification » et cette « séniorisation » du contentieux rendent le dirigeant licencié en fin de carrière extrêmement combatif, en l’absence d’une rupture contractuelle bien indemnisée, ou d’un plan de retraite généreux. . départs volontaires.
Le risque de réputation est alors réduit, et il peut plus facilement attendre le jugement (seize mois en moyenne), puis une éventuelle décision en appel : 60 % des décisions prud’homales. La grande majorité étant assistée par un avocat maîtrisant par exemple les subtilités permettant d’échapper à « l’échelle Macron » instaurée en septembre 2017, à savoir la discrimination ou le harcèlement avec un régime probatoire favorable, ou la violation d’une liberté fondamentale. C’est ainsi que le tribunal de grande instance de Paris a accordé, le 30 janvier 2024, 496 299 euros à un dirigeant principal bénéficiant de quatre ans d’ancienneté.
Mais d’autres avocats savent plaider d’autres chefs de créances salariales : ici, contester le forfait journées, avec, en cas d’annulation, un retour rétroactif à 35 heures sur les trois dernières années pour ces salariés déclarant travailler quarante-deux heures par an. semaine…
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