Le cercle de réflexion Sens du Service Public propose d’instaurer un intéressement basé sur des objectifs collectifs

Les fonctionnaires devraient-ils être mieux payés au mérite ? Cette question refait surface avec le projet de réforme de la fonction publique annoncé par le gouvernement pour la prochaine rentrée scolaire. Sur ce sujet sensible, le groupe de réflexion Le Sens du service public, dédié à la modernisation de l’administration, vient de publier le 21 mai une note qui invite à prendre du recul.

Son premier constat ? « De nombreux commentaires révèlent une grande méconnaissance de la situation existante. Souvent, la logique de rémunération au mérite dans le secteur public se justifie par une comparaison avec les pratiques managériales du secteur privé, occultant les particularités des services publics. dit un porte-parole du groupe de réflexion.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Réforme de la fonction publique : quatre syndicats boycottent la consultation

Pour rappel, la rémunération des agents publics se compose d’un salaire basé sur une échelle indicielle qui reconnaît l’évolution dans la carrière et d’un montant complémentaire composé de diverses primes et indemnités pesant en moyenne près d’un quart de la rémunération totale. Une très petite partie de ces primes et allocations est basée sur le mérite stricto sensu.

Les employeurs publics actionnent très peu ce levier, préférant se concentrer sur l’avancement de grade ou la promotion interne des agents les plus engagés pour accélérer leur progression de carrière. Mais « L’effondrement des grilles d’index limite fortement cette possibilité de récompense. Un infirmier diplômé d’État ayant un statut de cadre percevra entre 64 et 147 euros bruts pour chaque avancement de grade, ce qui n’est pas grand-chose comparé à ce qu’un employeur privé pourrait accorder à un cadre méritant. reconnaît Johan Theuret, cofondateur de Sens du service public.

Pour un système d’épargne salariale

De plus, « il n’a jamais été prouvé que l’engagement des agents, la performance et la productivité des services publics s’améliorent avec une meilleure rémunération monétaire », note le groupe de réflexion. Nous choisissons, en effet, le service public pour réaliser des missions d’intérêt général qui ont du sens tout en étant conscients que nous serons moins bien payés, à compétences et diplômes équivalents, que dans le privé.

En outre, « L’augmentation de la performance des agents publics ne crée pas de richesse monétaire supplémentaire ni de profit à redistribuer entre les salariés », contrairement au monde des affaires. Enfin, lorsqu’une organisation privée peut se limiter à récompenser ses salariés uniquement sur leur contribution au chiffre d’affaires, une administration doit définir des objectifs de performance sur mesure.

Il vous reste 51,16% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.