Le choléra augmente dans le monde et la situation au Kenya inquiète les autorités

Avec 700 000 cas en 2023, l’OMS tire la sonnette d’alarme. Au Kenya, des dizaines de cas ont été enregistrés après les inondations qui ont frappé le pays et causé des problèmes d’accès à l’eau potable.

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En France, une fillette de trois ans est morte du choléra à Mayotte, » annoncent l’Agence Régionale de Santé et la préfecture dans un communiqué, mercredi 8 mai 2024. Une soixantaine de personnes sont contaminées. Très rare en France, le choléra est en nette augmentation à l’échelle de la planète : 473 000 cas en 2022, 700 000 en 2023, de quoi mettre en alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les chiffres ne sont pas bons : rien qu’en mars, il y a eu 25 000 nouveaux cas dans 16 des 24 pays actuellement touchés par la maladie. Parmi eux, l’Éthiopie, la Somalie, le Soudan et le Zimbabwe. Selon l’OMS, 44 cas de choléra ont été enregistrés dans le comté de Tana River, une région de l’est du Kenya, parmi les plus durement touchées par les inondations, l’ONU a exprimé son inquiétude mercredi.

Ces pays sont durement touchés par les sécheresses ou les inondations, épisodes de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique. Un environnement favorable au développement du choléra, ou plutôt du bacille responsable de la maladie, et qui prospère lorsqu’il y a un problème d’accès à l’eau potable. C’est une certitude, d’autres régions seront touchées avant la fin de l’année, explique le Dr Philippe Barboza de l’OMS. « Les conflits n’arrangent rien, ce qui explique que le choléra soit aussi présent en Haïti, en RDC et en Syrie »il explique. “Et encore une fois, tous les chiffres que nous avons donnés ne concernent que des cas signalés. Le choléra est considéré comme une maladie des pays pauvres, il est souvent passé sous silence. C’est la septième épidémie de choléra que connaît le monde et elle dure depuis plus de 50 ans. années.”poursuit le Dr Barboza.

Forte demande et peu de vaccins

La majorité des personnes infectées ne présentent aucun symptôme et pour celles qui en présentent, les sels de réhydratation suffisent souvent à les guérir. Mais pour les prendre, il faut avoir de l’eau potable et c’est parce qu’on manque d’eau potable que les gens tombent malades. D’où l’intérêt de disposer de vaccins. Mais il n’y en a pas beaucoup, trois jusqu’à présent, et même deux puisque cette année, l’un des constructeurs a arrêté la production en 2023, parce qu’elle n’était pas assez rentable. Il y a quelques semaines, l’OMS a donné son feu vert à une version simplifiée d’un des vaccins pour gonfler un peu les stocks, mais ceux-ci sont encore très faibles. La demande explose au point que l’OMS recommande désormais d’administrer une seule dose de vaccin au lieu de deux. Juste pour pouvoir vacciner davantage de personnes.

Au Kenya, les autorités craignent une résurgence de la maladie

Au Kenya, la menace du choléra plane également, après des inondations destructrices qui ont fait plus de 250 morts. La saison des pluies est marquée par de fortes précipitations, amplifiées par le phénomène climatique El Niño. Les pluies ont déplacé plus de 50 000 ménages. A Nairobi, dans ces conditions, les autorités sont en alerte face à une résurgence de la maladie. Quarante cas de choléra ont déjà été enregistrés dans le comté de Tana River, une région de l’est du Kenya parmi les plus touchées par les inondations. Le ministre de la Santé a prévenu que le pays pourrait être confronté à une catastrophe si la situation n’était pas maîtrisée à temps. D’autant qu’une soixantaine d’établissements de santé ont été endommagés par les fortes pluies, selon le gouvernement.

La maladie est aujourd’hui “une source de préoccupation pour la santé publique» pour George Wambugu, chargé des activités médicales de Médecins sans frontières au Kenya. Voici le constat qu’il dresse sur les camps où sont hébergés les déplacés : « Ces camps sont surpeuplés, offrent peu d’endroits pour se laver les mains et présentent des risques sanitaires pour les populations qui y vivent »il explique. « Les habitants n’ont pas accès à l’eau potable, pas accès à une alimentation saine, d’autres n’ont pas de nourriture du tout. Certains camps ont des installations sanitaires médiocres, qui ne sont pas propres ou finissent vite bloquées. C’est un constat qui nous a poussé à installer des mobiles. des toilettes là-bas.poursuit Georges Wambugu.

Une crise humanitaire se profile

L’inquiétude est particulièrement vive dans les bidonvilles de Nairobi. Lesquelles sont généralement déjà propices au développement de maladies liées à l’eau. Ces dernières semaines, ils ont beaucoup souffert des inondations, notamment celle de Mathare, à l’est de la capitale. Le week-end dernier, les autorités ont détruit des maisons situées dans des zones inondables pour évacuer de force les habitants, mais beaucoup se sont retrouvés à la rue.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, qui a annoncé travailler avec les autorités, un centre opérationnel à Nairobi surveille effectivement la situation. Des camps médicaux ont été installés pour remplacer les infrastructures détruites. Le président William Ruto a également promis une aide financière pour que les personnes déplacées de la capitale puissent trouver un nouveau logement. Mais beaucoup le jugent insuffisant, et certains s’alarment de la menace d’une crise humanitaire suite à ces inondations. Au-delà du choléra, il existe aussi des risques de paludisme, car les pluies apportent des eaux stagnantes qui favorisent la reproduction des moustiques. Selon l’ONU, plus de 5 000 têtes de bétail ont été tuées par les eaux et plus de 10 000 hectares de terres agricoles ont été dévastés. Tout cela peut avoir des conséquences dramatiques sur la sécurité alimentaire.

Charlotte

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