Un camion-grue soulève une carcasse calcinée à l’entrée d’un rond-point de l’avenue Maurice Bishop, une artère de Fort-de-France qui traverse le quartier populaire de Sainte-Thérèse. Une fois la Peugeot presque méconnaissable retirée de la chaussée, il ne reste plus qu’à nettoyer les débris calcinés qui jonchent encore l’asphalte, et l’intersection sera à nouveau praticable.
Après le début des opérations de nettoyage à Sainte-Thérèse, lundi 23 septembre, de nombreuses cicatrices témoignent encore des violences urbaines qui, depuis plusieurs nuits, sement la désolation dans ce secteur sensible de la capitale martiniquaise et dans certains quartiers voisins, en marge d’un mouvement de protestation contre la vie chère.
Pour les habitants locaux touchés, l’heure est au soulagement. « Ça fait du bien. On reprend espoir. »se réjouit Jessica, 21 ans, en raccompagnant son frère de collège chez lui après l’école. Depuis une semaine, cette habitante du quartier voisin de Dillon est obligée de parcourir à pied cette longue avenue pour se rendre à son travail. En raison des barrages dressés par les émeutiers, les transports en commun sont à l’arrêt sur cet axe crucial qui mène à l’autoroute et à l’aéroport. « Je comprends la colère, mais il y a une autre façon de l’exprimer »la jeune femme argumente.
Lundi, sur cette avenue, « Une bonne dizaine de véhicules incendiés ont été évacués »déclare Didier Laguerre, maire de Fort-de-France (Parti progressiste martiniquais). Les services techniques de la municipalité et de plusieurs autres collectivités se sont également retirés « mâts d’éclairage et de signalisation » posés en travers de la route, ajoute l’édile. Potentiellement source de nouvelles tensions, l’opération s’est finalement déroulée dans le calme, grâce à une “médiation” de la mairie aux habitants du quartier et “tous les acteurs”poursuit M. Laguerre.
Les premières émeutes ont éclaté à Sainte-Thérèse, au lendemain du lancement d’un mouvement de protestation contre la vie chère en Martinique, à l’initiative du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Ce collectif, très actif sur les réseaux sociaux, avait appelé à manifester devant les centres commerciaux à partir du 1euh Septembre. Puis, après une période d’accalmie, les violences ont repris le 12 septembre au soir et se sont aggravées au cours des nuits suivantes, s’étendant à plusieurs autres communes de l’île de 350 000 habitants. Une quarantaine de commerces ont fait l’objet de tentatives de pillage et autant de véhicules ont été incendiés, selon la préfecture.
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