Avec cette nouvelle chronique sociale, Nessim Chikhaoui cultive sa veine de cinéaste social et engagé.
Publié
Temps de lecture : 4 minutes
Après avoir raconté son expérience d’éducateur en Mis, son premier long métrage, Nessim Chikhaoui met en scène le combat des femmes de chambre d’un grand palais parisien dans un deuxième film engagé, plein de vie et d’émotion. Coïncidence du calendrier, Petites mains sortie en salles le 1er mai, fête du Travail.
Eva (Lucie Charles-Alfred), au début de la vingtaine, n’en est pas à son premier métier de femme de chambre. Mais lorsqu’elle rejoint l’équipe d’un palace parisien, un tout autre métier l’attend. Dans ce grand hôtel où l’on paie plusieurs milliers d’euros par nuit pour sa suite, tout doit être impeccable. Employée chez un sous-traitant, elle rejoint l’équipe des « externes », sous-effectif d’un staff déjà bien exploité…
“Bienvenue au Royaume des Minions”Ali lui raconte dans les sous-sols de l’hôtel, véritable second monde caché sous terre, où le « petites mains du palais ». Le chef d’équipe confie Eva aux bons soins de Simone, la doyenne de l’équipe, une femme au caractère bien trempé, brisée par des années de travail. Son « superviseur » se charge de lui expliquer la différence entre l’Ibis et l’esprit palais, et de l’initier au fonctionnement précis des tâches à accomplir, sous l’œil aiguisé d’Agnès (Mariama Gueye), la stricte gouvernante en charge. pour faire respecter les ordres de la direction…
Sur le trottoir, devant les portes du palais, une poignée de salariés sont en piquet de grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des salaires décents. Quarante-cinq minutes de « crédit » par chambre, au compteur, pas assez d’aspirateurs, produits d’entretien limités, clientèle peu attractive…
Eva découvre les excentricités d’une clientèle hors sol, le club sandwich à 75 euros et la chambre « 9 800 euros bruts » pour une nuit, soit dix fois le salaire mensuel de la plupart des employés du palais…
Safiatou (Marie-Sohna Condé), Aïssata (Maïmouna Gueye), Violette (Salimata Kamaté)… Eva trouve vite sa place au sein de cette petite troupe soudée, composée de femmes joyeuses malgré la dureté de leur travail et de leur vie. Au fil du temps, Eva noue une relation presque filiale avec la revêche Simone, qui cache un cœur en or.
Dans les coulisses du palais, la jeune femme découvre la fraternité et la solidarité, presque une famille, qui finira par enlever l’uniforme et rejoindre la bataille pour gagner de meilleurs salaires, avoir de meilleures conditions de travail, mais surtout retrouver sa dignité.
Le scénario de Petites mains s’inspire de plusieurs mouvements sociaux dans l’hôtellerie, comme celui mené en 2018 par les femmes de chambre du Park Hyatt, qui ont fini par obtenir gain de cause après 87 jours de grève. Dans ces grands hôtels, la hiérarchie, les rapports de domination économique, de genre (pas de femmes de chambre masculines) et culturelle sont à leur paroxysme.
“Ils ne nous écoutent pas. Ils ne nous voient pas, nous sommes leurs petites mains.” Donc, dans les couloirs douillets et les chambres luxueuses, les plus riches et les plus pauvres cohabitent sans se croiser. Nessim Chikhaoui s’empare habilement de ce microcosme contrasté pour en faire un motif emblématique de la fracture sociale. Le film nous place volontairement du côté des « invisibles » sans jamais montrer le moindre client riche ou patron, dans une inversion montrant ceux qui sont habituellement cachés aux yeux du monde, et rendant invisibles ceux qui sont habituellement au premier plan. la scène.
Une idée assumée de bout en bout, qui donne au film sa saveur et son efficacité, résolument engagé aux côtés des “plus faibles”, ceux qui se lèvent tôt le matin, ont souvent des papiers à renouveler, toute une famille à nourrir. Ces « invisibles » sont présentés ici non pas comme des victimes pleurnicheuses, mais comme une communauté d’êtres humains dignes de respect et capables de prendre, comme Eva, leur destin en main.
“La lutte paie”, dit Simone. C’est ce que montre ce film choral, plein de vie et paradoxalement de joie, représentatif de la société française dans son ensemble (une fois n’est pas coutume). Avec une mise en scène rythmée, sans surprise, mais généreuse, cette chronique sociale dans la veine du cinéma britannique, est servie par une magnifique équipe d’actrices autour de Corinne Masiero, contre l’emploi d’un personnage au rang limite réagir, de Kool Shen en discret mais syndicaliste têtue, et Lucie Charles-Alfred, une jeune actrice pleine de promesses dans le rôle de la jeune Eva.
Genre : CONTREcomédie dramatique
Directeur: Nessim Chikhaoui
Acteurs: Corinne Masiero, Lucie Charles-Alfred, Marie-Sohna Condé
Pays : France
Durée : 1h27
Sortie : 1er mai 2024
Distributeur : Le Pacte
Synopsis : Rien n’avait préparé Eva aux exigences d’un grand hôtel. En rejoignant l’équipe de bonne, elle rencontre des collègues aux fortes personnalités : Safietou, Aissata, Violette et Simone. Entre rires et coups durs, la jeune femme découvre une équipe soudée et soudée face à l’adversité. Lorsqu’un mouvement social bouleverse la vie du palais, chacune de ces « petites mains » se retrouve confrontée à ses propres choix.
Le réseau social X d'Elon Musk était à nouveau inaccessible au Brésil jeudi, conformément à une décision de justice qui…
Au Stade Louis-II jeudi, les hommes d'Adi Hütter ont réalisé une belle performance collective pour prendre le meilleur sur l'une…
Après la tempête Boris qui a secoué l'Europe centrale le week-end dernier, l'heure est au bilan. De vastes zones vont…
Le jeune milieu de terrain barcelonais et son entraîneur Hansi Flick ont commenté la défaite du Barça à Monaco ce…
L'AS Monaco a battu le FC Barcelone jeudi lors de la première journée de la Ligue des champions, tandis que…
En ouverture de la 4e journée de championnat, Grenoble, dans son antre du Stade des Alpes, a souffert avant de…