Les sketchs irrévérencieux de Shaden Faqih, qui affiche son homosexualité dans un pays où la loi prévoit jusqu’à un an de prison pour relations « contre nature », ont déjà suscité la polémique.
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L’une des plus hautes autorités religieuses musulmanes du Liban et un député ont porté plainte, vendredi 10 mai, contre un comédien et militant des droits LGBTQ+ pour s’être moqué de la prière hebdomadaire. Le Conseil supérieur chiite, plus haute autorité de cette communauté, a porté plainte contre Shaden Faqih, connue pour son humour irrévérencieux et incisif, l’accusant « attaque contre la religion musulmane ».
La veille, Dar al-Fatwa, la plus haute autorité de la communauté musulmane sunnite, avait demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre l’humoriste, l’accusant notamment de « blasphème » et « incitation à la sédition religieuse et confessionnelle ». Un député islamiste, Imad Hout, a également porté plainte, selon l’agence nationale d’information (ANI, responsable), contre l’actrice qui se moque des imams et de la prière du vendredi.
Dans un pays multiconfessionnel encore profondément divisé après la guerre civile de 1975-1990, les comédiens transgressent allègrement les lignes rouges, se heurtant parfois à la censure ou aux autorités religieuses ou politiques. Shaden Faqih, qui affiche son homosexualité dans un pays où la loi prévoit jusqu’à un an de prison en cas de relation “contre nature”, a déjà fait polémique avec des croquis particulièrement audacieux. Interrogée par l’AFP, la jeune femme a dans un premier temps refusé de commenter.
La liberté d’expression de plus en plus réprimée
Réagissant à cette affaire, Jad Chahrour, porte-parole de Skeyes, une ONG de surveillance de la liberté de la presse, a déclaré que le Liban était “est devenu un État policier”. Dans une déclaration à l’AFP, il a déploré le fait que « les militants civils, les journalistes et les organisations de la société civile sont réprimés (…) à l’heure où ceux qui commettent des crimes et provoquent des dissensions gouvernent le pays ».
« Cette campagne contre Shaden Fakih semble être préméditée. » a-t-il encore confié au journal libanais L’Orient – Le jour. “Le sketch a été tourné en secret, car le tournage est normalement interdit dans la salle où se produit Shaden. »a expliqué Jad Chahrour. « La vidéo a ensuite été mise en ligne par des comptes suspects puis largement diffusée. »
En août 2023, un autre comédien libanais, Nour Hajjar, a été brièvement arrêté pour un sketch vieux de cinq ans dans lequel il se moquait des funérailles.
Le Liban est considéré comme plus tolérant que d’autres Etats arabes à l’égard de l’homosexualité, mais en juillet dernier, une proposition de dépénalisation de l’homosexualité, présentée par une poignée de députés, avait provoqué un tollé.