Le commissaire Chassaing, poursuivi pour homicide involontaire, acquitté

Le verdict est tombé. Le commissaire Grégoire Chassaing, seul poursuivi pour la mort de Steve Maia Caniço, noyé dans la Loire après une intervention policière lors de la Fête de la musique à Nantes en 2019, a été acquitté ce vendredi 20 septembre par le tribunal correctionnel de Rennes. Il était poursuivi pour homicide involontaire.

Le 14 juin, dernier jour de son procès, le parquet avait pourtant requis la condamnation sans ambiguïté du policier de 54 ans, aujourd’hui chef de district à Lyon. C’est lui “qui a mené une action collective, qui a créé la situation qui a finalement conduit à la mort de Steve”, animateur d’un groupe périscolaire de 24 ans, selon le procureur Philippe Astruc.

Circonstances atténuantes

Le procureur de la République avait toutefois retenu des circonstances atténuantes pour le commissaire chargé de sécuriser le site. Les policiers placés sous ses ordres ont lancé de leur propre initiative une dizaine de grenades lacrymogènes en réponse à des projectiles lancés par des « fêtards » qui refusaient que la musique des sonos s’arrête à l’heure convenue, 4 heures du matin.

Appelés à témoigner, des policiers ont assuré avoir agi “en état de légitime défense”, sans que des instructions ne soient nécessaires, rappelant les tensions créées à l’époque par le mouvement des Gilets jaunes.

Le procureur Philippe Astruc a également déploré le fait que le commissaire Chassaing soit le seul sur le banc des accusés pour la noyade de Steve.

« Je ne maîtrise pas tout »

L’avocat du commissaire avait requis l’acquittement, Louis Cailliez demandant aux trois magistrats de ne pas “ajouter d’injustice à tout ce qui s’est passé ce soir-là”, dans la nuit du 21 au 22 juin 2019.

Selon ses avocats, Grégoire Chassaing n’a pas commis les fautes reprochées par le parquet : “à aucun moment” il n’a manifesté une quelconque volonté de combattre le DJ qui avait remis le son malgré ses demandes, et “il n’a pu empêcher la réaction individuelle de ses hommes” qui ont tiré des grenades lacrymogènes en réponse aux projectiles.

« Je n’avais pas tout sous contrôle », a admis le responsable lors du procès, mais « qui aurait été irréprochable dans de telles conditions ? »

Les avocats de la famille de Steve ont pointé du doigt « une série d’échecs de prévoyance, d’imprudence et de manque d’anticipation (qui) ont conduit à cette tragédie », estimant que la police avait été « d’une certaine manière » laissée à elle-même ce soir-là.

Steve Maia Caniço est tombé dans la Loire, à un endroit du quai dépourvu de barrière, à 4h33 du matin, après un mouvement de foule et deux minutes après les premiers tirs de grenades des forces de l’ordre.

Pris dans un épais nuage de fumée de gaz lacrymogène, plusieurs fêtards ont chuté de 5 à 6 mètres dans une eau à 21°C. Certains ont été récupérés par un bateau de sauvetage nautique, spécialement conçu pour la nuit. Mais Steve Maia Caniço, qui ne savait pas nager et souffrait, selon ses proches, d’une phobie de l’eau depuis l’enfance, n’a pu rejoindre le quai. Malgré les recherches entreprises, le corps de Steve n’est réapparu qu’un mois plus tard, découvert par le pilote d’une navette fluviale.

Article original publié sur BFMTV.com