Jacques Dussault sera intronisé au Temple de la renommée du football canadien vendredi à Hamilton, un honneur qui met quelque peu mal à l’aise cet homme modeste qui n’a jamais cherché les honneurs individuels.
Ma première réaction est : « Qu’est-ce que je fais ici ? », a déclaré l’entraîneur, retraité depuis six ans. Pour être honnête avec vous, je connais plusieurs personnes qui ont été intronisées et il me semble que c’était assez impressionnant. Cela m’a donné l’occasion de parler avec mon bon ami Wally Buono, c’est lui qui m’a appelé pour me le dire. Nous avons pu nous remémorer des souvenirs ensemble car nous travaillions dans le même bureau lorsque nous entraînions les Alouettes.
Renouer avec d’anciens complices le remplit plus que l’intronisation elle-même.
J’avais d’autres téléphones, c’était assez agréable, a confié Dussault. Je dois admettre que depuis deux ou trois jours, c’est assez chargé. Je ne suis pas un sauvage, quand j’y vais à la rencontre de gens que je n’ai pas vu depuis longtemps, je me souviendrai de beaux souvenirs. Mais quant au grand tapage autour, ce n’est pas un aspect qui m’intéresse.
À 73 ans, il se souvient que son amour pour le football est né très jeune, au Québec.
Je devais avoir 7 ou 8 ans, c’était un samedi après-midi. Il faisait beau dehors donc on ne reste pas à la maison, mais je suis tombé sur un match, je me souviens, c’était McGill contre l’Université de Toronto. Je n’en savais pas grand-chose, mais j’ai regardé tout le match. À la fin, je me suis dit qu’un jour je jouerais pour McGill. C’est bien de dire que j’ai joué pour McGill.
Dussault est devenu le premier entraîneur francophone de la Ligue canadienne en 1982 lorsque les Alouettes l’ont embauché comme entraîneur de la ligne défensive, des unités spéciales et de l’entraînement musculaire.
Son statut de pionnier ne lui permet pas de s’exprimer avec de grandes émotions même s’il a toujours pris son rôle au sérieux.
Je ne ressens rien de particulier, mais j’ai toujours eu une peur, parce que j’étais le premier, je le disais tout le temps, on vient de vous ouvrir une porte, mes actes ou mon éthique de travail ferment la porte aux autres Français. -les Québécois de langue parlée. Pour moi, cela a toujours été très, très, très important.
Bourreau de travail, Jacques Dussault pourrait facilement consacrer plus de 15 heures par jour à bien remplir ses fonctions. Aujourd’hui, il continue de regarder les matchs, mais d’une manière différente de ce qu’il était lorsqu’il était manager ou analyste.
Je regarde surtout les formations, où sont placés les joueurs, j’essaie de me placer là-dedans, et parfois je me dis que je n’étais pas si fou, raconte celui qui a fait partie du staff des Alouettes jusqu’en 1986 avant de retour de 1997 à 1999. Je suis aussi tombé amoureux du baseball, je l’ai enseigné à l’Université de Miami dans l’Ohio. Je trouve qu’il y a beaucoup d’ajustements et de stratégies. Je sais que ça ne va pas vite, mais j’aime ça. On peut vraiment jouer au régisseur, mais je me garde bien de le devenir.
Il n’y a pas de bons gestionnaires de plateformes, poursuit-il en riant. Vous portez des jugements sans avoir toutes les données. Il y a des gens qui pensent qu’en tant qu’entraîneur, on arrive une heure avant le match, qu’on rentre chez soi après et qu’on ne revient que la semaine suivante. Non, non, non, c’est un peu plus complexe que ça, dans tous les sports. On peut avoir des problèmes avec certains joueurs et on entend des gens à la télévision se demander pourquoi tel ou tel ne joue pas. Cinq minutes avant un match, le médecin de l’équipe vient de vous dire de ne plus compter sur lui. Les gens ne le savent pas, ils veulent avoir un spectacle.
Modeste et gratuit
Plutôt que de s’attarder sur ses succès, Dussault, qui est devenu le premier entraîneur-chef des Carabins de l’Université de Montréal, préfère encore faire l’éloge de certaines personnes avec qui il a travaillé, dont Danny Maciocia, actuel directeur général des Alouettes.
Ça remonte à longtemps, on formait l’équipe du Québec, ça n’existait pas chez les moins de 18 ans. Dany était entraîneur bantam à Saint-Léonard. Je me souviens quand il est arrivé, il était tout chic. C’était drôle parce que je n’y attache pas beaucoup d’importance, on me l’a fait remarquer à plusieurs reprises. Au bout d’une minute, j’ai su que c’était une personne qui allait faire de bonnes choses. Et quand je l’ai choisi comme coordinateur offensif, ça a fait sensation, au lieu de choisir un gars avec une expérience universitaire, j’ai choisi Danny. Cela s’est mal passé avec certaines personnes. Mais ce genre de réactions ne m’affecte pas. Danny était exceptionnel. Nous avons entraîné ensemble à Cannes, avec les Cougars de Saint-Léonard au niveau junior et un peu avec les Alouettes, c’est donc un collègue de travail et un ami.
L’essor du football québécois au cours des vingt dernières années a grandement réjoui cet passionné du ballon ovale. Le parcours de Laurent Duvernay-Tardif le laisse particulièrement admiratif.
Un joueur de ligne offensive est toujours plus difficile à suivre à l’écran parce qu’on suit le ballon, explique Dussault. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à quelques reprises et c’est une personne exceptionnelle. Avec son expérience dans le football, s’il peut jouer à ce niveau, c’est parce que c’est un gars super intelligent, il est athlétique et on n’a pas besoin de lui répéter les choses. deux fois. Il a impressionné par son physique, mais surtout par sa capacité à comprendre comment les choses fonctionnent au niveau de la NFL. Lorsqu’il est parti d’ici, sa boîte à outils était limitée. Ce n’est pas la même chose, et je ne le dis pas de manière négative, de bloquer un joueur de Bishop et un autre des Cowboys de Dallas.
Entraîneur Un jour, entraîneur toujours
Puriste en défense, Dussault aime souligner que les matchs serrés et peu marqués l’excitent plus que les festivals offensifs.
Personnellement, un match à 12-11, j’adore le jeu défensif, je trouve que c’est bien. Pour moi, quelqu’un qui parvient à mettre la main sur un quarterback est aussi bon que quelqu’un qui attrape le ballon. Aujourd’hui, c’est courant, tout le monde attrape le ballon. Mais pour arriver au quarterback, il faut travailler.
Humble, mais fier, Jacques Dussault est reconnaissant qu’on l’approche encore en l’appelant entraîneur
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Oui, ça me fait plaisir et parfois ça me surprend. Cela arrive assez souvent de la part de personnes que je ne connais pas, de jeunes, ce qui est encore plus surprenant. Dans ma famille, ou parmi les gens que je connais, je trouve ça drôle. J’ai toujours apprécié ça. La première fois que quelqu’un m’a appelé »entraîneur», c’était à Albany State (1981), après un jour ou deux. Et quand c’est arrivé, je me suis dit : « Ça y est, on va dans la bonne direction, Jack. »
Sa carrière a duré près de 40 ans en marge, à tous les niveaux, notamment comme entraîneur-chef de la Machine de Montréal, de la défunte Ligue mondiale de football américain, en 1991 et 1992. Il a également été analyste à la radio et à la télévision pendant près de 20 ans. .
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