Le premier Forum économique des banlieues, organisé à Paris, vise à promouvoir l’activité des entreprises des quartiers populaires et permettre des rencontres entre grands patrons et entrepreneurs.
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Derrière ses lunettes et son sourire en toutes situations, Sofiya ne cache pas son caractère déterminé. « Je suis tenace et persévérante. Et je suis quelqu’un qui n’abandonne pas. Cependant, cela n’a pas toujours été facile. » Elle participe au « Davos des banlieues », organisé les mardi 17 et mercredi 18 septembre à Paris. L’événement a pour objectif de mettre en avant des entrepreneurs issus des quartiers populaires, mais aussi de les mettre en relation avec d’autres partenaires.
« Mon père était ouvrier, ma mère femme de ménage, explique cette femme de 51 ans, originaire de Val-Fourré (Yvelines). Je suis la plus jeune d’une famille de sept enfants. Je suis fière d’être issue de quartiers populaires. Je suis fière d’avoir mes origines, comme je suis fière d’être française. elle ajoute.
Pourtant, tout était loin d’être simple à ses débuts, avant d’ouvrir sa première crèche en 2012. « L’une des premières difficultés était financière, elle se souvient. J’ai dû emprunter à ma famille pour pouvoir monter mon projet. Ensuite, c’était le réseau.”
« Quand on vient d’un quartier populaire, on n’a pas forcément de réseau, donc il faut faire avec. »
S’en sortir, c’est avant tout faire preuve de force de caractère. « Notre force ici, c’est que nous sommes tous mélangés. Quand les gens nous disent ‘en banlieue, ils ne sont qu’entre eux’, eh bien non. Nous avons grandi avec toutes les communautés et c’est ça qui fait notre force. Nous avons une facilité d’adaptation. » Avec l’aide de la CAF et du ministère, elle a réussi à convaincre les banques de suivre son projet. « Sans ces subventions, je n’aurais jamais pu créer mon entreprise, explique Sofiya. Parce qu’on demande des dépôts, des garanties. Et je n’avais pas tout ça, je n’avais rien.
Mais il y a aussi l’autre côté de la médaille. « Quand on réussit dans le quartier, c’est aussi très compliqué. Les gens sont jaloux de vous parce que vous réussissez. Mais bon, on ne lâche rien, on veut continuer. » Ne jamais baisser les bras, telle est sa devise. Aujourd’hui, elle a ouvert sept micro-crèches dans les Yvelines et l’Eure, avec entre 12 et 13 enfants par structure pour une quarantaine de salariés. Cette mère de deux enfants se bat pour aider les jeunes entrepreneurs des quartiers populaires à lancer leur entreprise au-delà des idées reçues. « Même si on ne nie pas la violence ou la délinquance qui peut exister dans certaines banlieues, on a aussi des chefs d’entreprise qui sont dans l’économie et qui participent au développement économique de la France. Et ces gens-là, j’aimerais qu’on en parle à un moment donné. »
Pour reconnecter les quartiers au monde des affaires, Sofiya sait qu’il reste encore du chemin à parcourir. Elle est responsable de l’association Quartiers d’Affaires des Yvelines, dont la mission est de favoriser la croissance des entreprises du territoire et de faire rêver de nouveaux jeunes, comme elle l’a fait il y a 12 ans.
Il y aura encore beaucoup d’entrepreneurs qui auront envie de rêver pour la deuxième journée du « Davos des banlieues », mercredi 18 septembre, au Palais d’Iéna. L’objectif est de récolter 100 millions d’euros de commandes publiques et privées pour les entreprises implantées dans les 1 506 quartiers prioritaires de la politique de la Ville.