Montage AFP/Huffpost
Le démocrate Tim Walz, colistier de Kamala Harris (à gauche) et le républicain JD Vance, colistier de Donald Trump (à droite), s’affronteront lors d’un débat le 1er octobre 2024.
ÉTATS-UNIS – Leurs idées sont au moins aussi éloignées que les 1 000 milles qui les séparent de l’endroit où ils ont grandi. Le républicain JD Vance et le démocrate Tim Walz, respectivement colistiers de Donald Trump et Kamala Harris pour l’élection présidentielle américaine, se retrouveront pour un unique débat télévisé ce mardi 1er octobre. Avec, au centre du jeu, une région américaine souvent oubliée. : le Midwest.
Le Midwest couvre un quart du pays, au nord-ouest des États-Unis, soit pas moins de 12 États. Tim Walz vient de l’extrême ouest de cette région, plus précisément des petites villes de Butte et Valentine, dans le Nebraska. Un État rural où il passait son temps dans les champs, avec ses amis et sur les terrains de football américain. Son histoire est celle d’une enfance heureuse dans la nature malgré le cancer de son père décédé alors qu’il avait 19 ans.
L’histoire de JD Vance est d’un tout autre acabit. Il l’a raconté en 2018 dans le livre Élégie montagnardeun livre à succès qui lui a valu une renommée nationale et son implication dans la politique. Jusqu’à devenir le jeune clone de Donald Trump, embrassant l’idéologie MAGA (« Rendre sa grandeur à l’Amérique ») et incarnant l’avenir du Parti républicain. Dans cette autobiographie, JD Vance raconte son enfance dans la ville désindustrialisée de Middletown, dans l’Ohio, sa mère toxicomane et la pauvreté auprès de ses grands-parents qui l’ont élevé dans la dure. Puis son ascension sociale de l’armée à la célèbre faculté de droit de Yale.
Carte du Midwest avec le Nebraska à l’ouest et l’Ohio à l’est.
Leurs origines et histoires personnelles ne sont pas étrangères à leur présence sur les listes présidentielles. Ils ont été choisis par Donald Trump et Kamala Harris notamment parce qu’ils sont originaires de cette partie de l’Amérique sous-représentée en politique. Et c’est précisément ici que se trouvent certains des États clés qui seront décisifs pour l’élection présidentielle du 5 novembre.
La bataille des idées pour le Midwest
Les Républicains espèrent convaincre les travailleurs de la Rustbelt, “ceinture de rouille”, qui est en partie située dans le Midwest et qui a subi de plein fouet la désindustrialisation. Donald Trump n’a pas manqué de souligner, lorsqu’il a choisi le jeune sénateur de l’Ohio comme colistier, que ce dernier « se concentrera sur les personnes pour lesquelles il s’est battu si brillamment, les travailleurs et les agriculteurs américains de Pennsylvanie, du Michigan, du Wisconsin, de l’Ohio, du Minnesota et au-delà. »
Du côté des démocrates, l’image de « papa cool » de Tim Walz, son accent du Midwest, son passé de chasseur dans la Garde nationale et sa carrière d’entraîneur de football américain ont pesé lourd dans la balance. Sans oublier que bien que le sexagénaire ne réside plus dans le Nebraska, il est depuis cinq ans gouverneur d’un autre État du Midwest : le Minnesota, situé à la frontière avec le Canada.
Reste à savoir si les deux profils parviendront à changer la donne. Malgré sa bonne humeur, Tim Walz a été élu dans un État remporté par les démocrates. Quant aux électeurs du Nebraska, solidement républicains et qui voient les démocrates comme un épouvantail, ils ne risquent pas de voter pour un indigène ayant quitté le nid depuis de nombreuses années. Dans l’Ohio de JD Vance, même constat : les Républicains sont quasiment assurés de gagner, comme en 2020 et 2016.
Michigan et Wisconsin, des États clés scrutés
C’est plutôt du côté des États clés – dits « États swing » – du Midwest vers lesquels se tourner : le Michigan et le Wisconsin. Ensemble, ils représentent 25 électeurs sur les 270 nécessaires pour qu’un candidat remporte l’élection. Un peu d’histoire et un regard sur les sondages montrent à quel point ces deux Etats oscillent d’un parti à l’autre selon les années électorales et combien ils seront décisifs en novembre.
Ainsi, le Michigan a été remporté par Joe Biden en 2020, tandis que Donald Trump l’a remporté d’un cheveu face à Hillary Clinton en 2016. En 2012, Barack Obama a largement conquis l’État face à Mitt Romney. Les sondages pour 2024 semblent pour la plupart donner un léger avantage à Kamala Harris, mais c’est dans la marge d’erreur (deux ou trois points d’avance selon les instituts).
Du côté du Wisconsin, l’écart est encore plus resserré. Joe Biden a remporté l’État d’une moustache en 2020. Quatre ans plus tôt, c’était Donald Trump qui l’avait emporté d’une moustache, tandis qu’en 2012, Barack Obama l’avait largement emporté. Cette année, les sondages donnent l’avantage à Kamala Harris avec seulement un point d’avance sur Donald Trump.
Dans un vote qui risque de se résumer à une poignée d’électeurs, gagner le Michigan et le Wisconsin est une question de survie même si tous les États clés méritent d’être surveillés, en particulier la Pennsylvanie. Voici donc la difficile mission qui incombe à Tim Walz et JD Vance.
Le débat a lieu à New York, loin du Midwest
Leur duel atteindra son paroxysme lors du débat de ce mardi, qui se déroulera ironiquement à New York, loin de la réalité du Midwest. Sur scène, nous verrons deux Américains s’affronter avec des visions complètement différentes de leur vaste région qu’ils connaissent certainement par cœur, mais qui ont des solutions aux antipodes pour répondre aux maux de la population.
Tous deux défendront le programme de leur champion respectif, mais s’attaqueront également. JD Vance, qui devra remettre les choses à plat après l’échec du débat de Trump contre Harris, ne manquera pas de qualifier son adversaire de dangereux gauchiste, tout en dissipant la rumeur lunaire selon laquelle des Haïtiens mangeraient des animaux de compagnie qu’il a contribué à diffuser. Tim Walz s’attachera à montrer le contraste entre le programme trumpiste et celui de Kamala Harris, et devra rappeler toutes les bévues de son adversaire, qu’il a déjà qualifié de ” bizarre “.
Traditionnellement, un débat entre deux vice-présidents potentiels ne fait pas merveille dans les sondages. Mais avec un seul débat entre Donald Trump et Kamala Harris, les électeurs pourraient être tentés de voir ce que Tim Walz et JD Vance ont à proposer. Et dans une élection très serrée, rappelle le stratège démocrate Steven Maviglio La Colline, “il suffit à l’aiguille de se déplacer de 0,1 point dans un sens ou dans l’autre pour faire une différence dans quatre ou cinq états”. Nul doute que Kamala Harris et Donald Trump auront les yeux rivés sur cette aiguille.
Voir aussi sur HuffPost :
Montage AFP/Huffpost
Le démocrate Tim Walz, colistier de Kamala Harris (à gauche) et le républicain JD Vance, colistier de Donald Trump (à droite), s’affronteront lors d’un débat le 1er octobre 2024.
ÉTATS-UNIS – Leurs idées sont au moins aussi éloignées que les 1 000 milles qui les séparent de l’endroit où ils ont grandi. Le républicain JD Vance et le démocrate Tim Walz, respectivement colistiers de Donald Trump et Kamala Harris pour l’élection présidentielle américaine, se retrouveront pour un unique débat télévisé ce mardi 1er octobre. Avec, au centre du jeu, une région américaine souvent oubliée. : le Midwest.
Le Midwest couvre un quart du pays, au nord-ouest des États-Unis, soit pas moins de 12 États. Tim Walz vient de l’extrême ouest de cette région, plus précisément des petites villes de Butte et Valentine, dans le Nebraska. Un État rural où il passait son temps dans les champs, avec ses amis et sur les terrains de football américain. Son histoire est celle d’une enfance heureuse dans la nature malgré le cancer de son père décédé alors qu’il avait 19 ans.
L’histoire de JD Vance est d’un tout autre acabit. Il l’a raconté en 2018 dans le livre Élégie montagnardeun livre à succès qui lui a valu une renommée nationale et son implication dans la politique. Jusqu’à devenir le jeune clone de Donald Trump, embrassant l’idéologie MAGA (« Rendre sa grandeur à l’Amérique ») et incarnant l’avenir du Parti républicain. Dans cette autobiographie, JD Vance raconte son enfance dans la ville désindustrialisée de Middletown, dans l’Ohio, sa mère toxicomane et la pauvreté auprès de ses grands-parents qui l’ont élevé dans la dure. Puis son ascension sociale de l’armée à la célèbre faculté de droit de Yale.
Carte du Midwest avec le Nebraska à l’ouest et l’Ohio à l’est.
Leurs origines et histoires personnelles ne sont pas étrangères à leur présence sur les listes présidentielles. Ils ont été choisis par Donald Trump et Kamala Harris notamment parce qu’ils sont originaires de cette partie de l’Amérique sous-représentée en politique. Et c’est précisément ici que se trouvent certains des États clés qui seront décisifs pour l’élection présidentielle du 5 novembre.
La bataille des idées pour le Midwest
Les Républicains espèrent convaincre les travailleurs de la Rustbelt, “ceinture de rouille”, qui est en partie située dans le Midwest et qui a subi de plein fouet la désindustrialisation. Donald Trump n’a pas manqué de souligner, lorsqu’il a choisi le jeune sénateur de l’Ohio comme colistier, que ce dernier « se concentrera sur les personnes pour lesquelles il s’est battu si brillamment, les travailleurs et les agriculteurs américains de Pennsylvanie, du Michigan, du Wisconsin, de l’Ohio, du Minnesota et au-delà. »
Du côté des démocrates, l’image de « papa cool » de Tim Walz, son accent du Midwest, son passé de chasseur dans la Garde nationale et sa carrière d’entraîneur de football américain ont pesé lourd dans la balance. Sans oublier que bien que le sexagénaire ne réside plus dans le Nebraska, il est depuis cinq ans gouverneur d’un autre État du Midwest : le Minnesota, situé à la frontière avec le Canada.
Reste à savoir si les deux profils parviendront à changer la donne. Malgré sa bonne humeur, Tim Walz a été élu dans un État remporté par les démocrates. Quant aux électeurs du Nebraska, solidement républicains et qui voient les démocrates comme un épouvantail, ils ne risquent pas de voter pour un indigène ayant quitté le nid depuis de nombreuses années. Dans l’Ohio de JD Vance, même constat : les Républicains sont quasiment assurés de gagner, comme en 2020 et 2016.
Michigan et Wisconsin, des États clés scrutés
C’est plutôt du côté des États clés – dits « États swing » – du Midwest vers lesquels se tourner : le Michigan et le Wisconsin. Ensemble, ils représentent 25 électeurs sur les 270 nécessaires pour qu’un candidat remporte l’élection. Un peu d’histoire et un regard sur les sondages montrent à quel point ces deux Etats oscillent d’un parti à l’autre selon les années électorales et combien ils seront décisifs en novembre.
Ainsi, le Michigan a été remporté par Joe Biden en 2020, tandis que Donald Trump l’a remporté d’un cheveu face à Hillary Clinton en 2016. En 2012, Barack Obama a largement conquis l’État face à Mitt Romney. Les sondages pour 2024 semblent pour la plupart donner un léger avantage à Kamala Harris, mais c’est dans la marge d’erreur (deux ou trois points d’avance selon les instituts).
Du côté du Wisconsin, l’écart est encore plus resserré. Joe Biden a remporté l’État d’une moustache en 2020. Quatre ans plus tôt, c’était Donald Trump qui l’avait emporté d’une moustache, tandis qu’en 2012, Barack Obama l’avait largement emporté. Cette année, les sondages donnent l’avantage à Kamala Harris avec seulement un point d’avance sur Donald Trump.
Dans un vote qui risque de se résumer à une poignée d’électeurs, gagner le Michigan et le Wisconsin est une question de survie même si tous les États clés méritent d’être surveillés, en particulier la Pennsylvanie. Voici donc la difficile mission qui incombe à Tim Walz et JD Vance.
Le débat a lieu à New York, loin du Midwest
Leur duel atteindra son paroxysme lors du débat de ce mardi, qui se déroulera ironiquement à New York, loin de la réalité du Midwest. Sur scène, nous verrons deux Américains s’affronter avec des visions complètement différentes de leur vaste région qu’ils connaissent certainement par cœur, mais qui ont des solutions aux antipodes pour répondre aux maux de la population.
Tous deux défendront le programme de leur champion respectif, mais s’attaqueront également. JD Vance, qui devra remettre les choses à plat après l’échec du débat de Trump contre Harris, ne manquera pas de qualifier son adversaire de dangereux gauchiste, tout en dissipant la rumeur lunaire selon laquelle des Haïtiens mangeraient des animaux de compagnie qu’il a contribué à diffuser. Tim Walz s’attachera à montrer le contraste entre le programme trumpiste et celui de Kamala Harris, et devra rappeler toutes les bévues de son adversaire, qu’il a déjà qualifié de ” bizarre “.
Traditionnellement, un débat entre deux vice-présidents potentiels ne fait pas merveille dans les sondages. Mais avec un seul débat entre Donald Trump et Kamala Harris, les électeurs pourraient être tentés de voir ce que Tim Walz et JD Vance ont à proposer. Et dans une élection très serrée, rappelle le stratège démocrate Steven Maviglio La Colline, “il suffit à l’aiguille de se déplacer de 0,1 point dans un sens ou dans l’autre pour faire une différence dans quatre ou cinq états”. Nul doute que Kamala Harris et Donald Trump auront les yeux rivés sur cette aiguille.
Voir aussi sur HuffPost :