Le fabricant d’Oreo et Milka écope d’une amende de 337,5 millions à Bruxelles

La Commission européenne a annoncé ce jeudi avoir infligé une amende de 337,5 millions d’euros à Mondelez, le célèbre fabricant des marques Oreo, Milka, Lu, Côte d’or, Toblerone, Tuc et autres Black Velvet, pour pratiques anticoncurrentielles. Le groupe américain est accusé d’avoir entravé le bon fonctionnement du marché unique en bloquant les ventes de ses chocolats, biscuits et produits à base de café entre les Etats membres d’une grande partie de l’UE, entre 2006 et 2020.

« Nous constatons que Mondelez a illégalement interdit aux détaillants de s’approvisionner en produits dans les États membres où les prix sont plus bas. Cela lui a permis de maintenir des prix plus élevés et a porté préjudice aux consommateurs, qui ont fini par payer plus cher le chocolat, les biscuits et le café », a expliqué Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la concurrence.

De telles pratiques violent les règles européennes de concurrence qui autorisent le « commerce parallèle », c’est-à-dire la possibilité pour un commerçant d’acheter des produits dans les États membres où les prix sont plus bas et de les revendre là où les prix sont plus élevés. . Cela a pour effet de faire baisser le prix pour le consommateur. Et c’est le rôle de la Commission de pouvoir garantir que ces derniers aient accès aux prix les plus bas, surtout en période de forte inflation.

Le chef de la lutte antitrust de l’UE a expliqué que les différences de prix entre les États membres variaient « de 10 % à 40 %, et parfois plus ». Conséquence : « Il existe un risque réel de commerce parallèle », a-t-elle souligné.

Vingt-deux pratiques illicites

Au total, vingt-deux « pratiques, accords ou pratiques concertées anticoncurrentielles » ont été recensés, a encore énuméré Margrethe Vestager, jugeant ces « restrictions à la concurrence » « très graves ».

L’enquête bruxelloise révèle que Mondelez a notamment conclu des accords avec certains commerçants pour déterminer les territoires où ils pourraient vendre ses produits afin de restreindre le commerce parallèle. Et qu’elle empêchait également certains distributeurs exclusifs dans certains États membres de vendre ses produits à des clients situés dans d’autres États membres.

Abus de position dominante

Mais ce n’est pas tout. Bruxelles accuse en outre Mondelez d’avoir « abusé de sa position dominante » sur certains marchés nationaux pour restreindre les importations de barres chocolatées.

Cela concerne particulièrement les Pays-Bas, où Mondelez a retiré du marché ses comprimés Côte d’Or pour empêcher les détaillants de les revendre en Belgique. Et aussi en Allemagne, où un grossiste a été empêché d’acheter ses chocolats moins chers là-bas et de les revendre ailleurs dans l’UE.

L’Organisation européenne des consommateurs a salué cette sanction. « Des entreprises comme Mondelez bénéficient énormément du commerce au sein du marché unique européen et il est inacceptable que les consommateurs ne puissent pas bénéficier de ces avantages parce qu’une entreprise a créé des barrières commerciales artificielles pour gonfler les prix », a commenté Monique Goyens, sa directrice générale.

Ce comportement est d’autant plus répréhensible que ce n’est pas la première fois que la Commission le montre du doigt. Elle avait déjà pris des décisions similaires contre le brasseur de bière AB InBev en 2019 et contre Valve et les fabricants de jeux vidéo en 2021.

L’affaire Mondelez montre que ce type d’infraction persiste donc, ce qui a conduit Bruxelles à augmenter l’amende à l’encontre du groupe américain. Dans le même temps, après avoir accepté de coopérer avec l’UE, son amende a également été réduite de 15 %. Bruxelles espère néanmoins cette fois envoyer un signal fort aux autres entreprises.