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Le Festival de Saint-Sébastien célèbre « Surcos », un film de 1951 qui a échappé à la censure de Franco

“Surcos” de José Antonio Nieves Conde réussit miraculeusement à passer à travers les ciseaux de la censure, au point d’être sélectionné en compétition au Festival de Cannes 1952.

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 3 min

Le Festival de cinéma de Saint-Sébastien (du 20 au 28 septembre), dans le nord de l’Espagne, fait un saut dans le passé ce lundi 23 septembre, pour mettre en lumière un film espagnol de 1951 qui a miraculeusement vu le jour malgré la censure du régime franquiste.

La projection d’une version restaurée de cette œuvre, Surcos (Les Déracinés) (en français), illustre une tendance récente des festivals du 7e art, celle de projeter des classiques qui ont bénéficié des progrès de la numérisation et de la restauration.

Réalisé par José Antonio Nieves Condé, Surcos (qui signifie sillons) dont le titre fait référence à la terre, raconte l’histoire sordide et tragique d’une famille pauvre qui quitte la campagne pour la ville à la recherche d’une vie meilleure, comme le firent des centaines de milliers d’Espagnols à cette époque, une douzaine d’années après la fin de la guerre civile (1936-1939). Le film s’inspire du néoréalisme italien et de ses histoires de misère urbaine comme Le voleur de vélo, Le chef-d’œuvre de Vittorio De Sica, sorti trois ans plus tôt.

Qualifié comme“extrêmement dangereux“par la censure de la dictature du général Franco (au pouvoir jusqu’à sa mort en 1975), qui n’appréciait pas l’image peu flatteuse qu’il donnait de l’Espagne franquiste, le film “j’ai eu beaucoup de problèmes”rappelle Enrique Cerezo, le président de FlixOlé, une plateforme de streaming spécialisée dans la distribution de films espagnols et qui a assuré la restauration de Surcos.

« Rappelons qu’à cette époque, le cinéma était le loisir numéro un dans ce pays », “Nous sommes très reconnaissants du soutien que nous avons reçu de l’AFP”, a déclaré M. Cerezo dans un entretien à l’AFP à Madrid.

Mais l’autre miracle qui rend possible aujourd’hui la découverte de ce film, ainsi que d’autres classiques, est sa restauration. “Depuis toujours” Dans le monde du cinéma, il y a eu “un problème grave, qui est que le producteur, lorsqu’un film était terminé, laissait la bobine au laboratoire, ou dans des entrepôts, et l’oubliait pendant des années”, même si la situation s’est détériorée, a déclaré M. Cerezo.

Beaucoup de ces films ont fini par être couverts “d’une sorte de vinaigre, qui rend leur guérison presque impossible, ou souffrent d’autres maladies”continue M. Cerezo, l’un des principaux producteurs de cinéma espagnols, également président de la société de distribution Mercury Films et, dans un autre registre, du club de football Atlético de Madrid.

Dans l’obscurité des laboratoires FlixOlé et Mercury Films, au cœur de la “La ville de l’image”, Dans un complexe audiovisuel situé au nord-ouest de Madrid, des spécialistes travaillent sans relâche pour sauver les films de la destruction et de l’oubli. Comme si l’époque était révolue, les bobines de 35 mm défilent rapidement devant un faisceau de lumière. Un scanner les copie image par image, les transformant en un fichier numérique qui servira de base au travail de restauration.

Mais avant d’en arriver là, il y avait une première étape, digne d’un travail de détective : retrouver le négatif du film ou, à défaut, une des copies qui en ont été faites : celles-ci pourraient être dispersées dans le monde entier, a expliqué à l’AFP Sophie de Mac Mahon, directrice générale de FlixOlé. « C’est un travail très long, qui n’est pas tant un travail de laboratoire qu’un travail d’enquête. »elle résume.

Une fois la copie numérique localisée, commence le travail d’étalonnage, réalisé avec un logiciel plan par plan, image par image, pour corriger la lumière, les couleurs et le contraste, afin de donner au film le ton souhaité par son réalisateur.

La troisième étape est la restauration proprement dite, qui consiste à éliminer les taches, rayures ou traces de moisissures image par image.

Le résultat final, en haute définition 4K, est un film “qui peut être vu dans des conditions d’image encore meilleures que lors de sa sortie”, accueille Aarón Ortega, responsable de la communication chez FlixOlé.

Juliette

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