Le français Colas à la recherche d’une nouvelle acquisition à l’international

RAPPORTS – Après l’intégration réussie du finlandais Destia, acquis en 2021, le constructeur est prêt pour une nouvelle opération.

Le soleil vient de percer la couche de nuages. Il éclaire les nombreuses flaques d’eau qui parsèment le chantier. Une pelle mécanique creuse. Juste à côté dépassent les têtes de plusieurs dizaines de pieux en béton d’une dizaine de mètres de long. Ils sont là pour stabiliser le terrain. Les ouvriers remblayeront la partie excavée, avant d’installer le ballast et les voies ferrées. La pose de pieux est une spécificité locale. Nous sommes en Finlande, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, Helsinki. Le territoire est très humide – nous sommes au « pays des mille lacs » – et les conditions climatiques sont particulièrement rudes.

La nouvelle ligne ferroviaire, qui doublera la ligne existante entre deux quartiers de la ville d’Espoo, la deuxième plus grande du pays, doit résister. Destia, la société aux commandes, maîtrise parfaitement ce sujet. C’est même le spécialiste finlandais de la construction et de l’entretien des infrastructures de transport.

Depuis 2021, l’entreprise finlandaise est une filiale du français Colas. La complémentarité est évidente, le groupe français étant présent dans la conception, la construction et la maintenance des infrastructures de transport, principalement routières et ferroviaires.

Colas est un géant assez méconnu. L’entreprise, qui emploie 65 000 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards d’euros, a une longue histoire derrière elle, depuis sa création en 1929. L’une des étapes majeures a été la prise de contrôle par le groupe Bouygues en 1986. Colas est aujourd’hui filiale à 100%. Cette longue histoire a été largement marquée au niveau international.

60% de l’activité hors de France

La France reste le principal pays du groupe, avec 40% de l’activité, le solde étant réalisé à l’international. Elle est présente au Canada depuis 1962 et aux États-Unis depuis 1979. Ces deux pays représentent 29 % de son activité ! Notre développement en Europe s’est accéléré à partir de 1989, et de la chute du mur de Berlin, explique Pierre Vanstoflegatte, directeur général de Colas. A cette époque, nous avons pris pied en République tchèque, en Hongrie et en Roumanie. » Le groupe s’est ensuite implanté en Australie en 2008, au Moyen-Orient en 2016 et en Amérique latine en 2017. Le rachat de Destia, réalisé en 2021, représente la dernière acquisition majeure pour Colas.


La Finlande est un pays qui nous a particulièrement intéressé.

Francis Grass, directeur général en charge de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique

Colas s’intéresse toujours à la France. L’entreprise est présente dans de nombreux projets de tramway lancés ces dernières années. Cependant, la plupart des infrastructures de transport sont désormais installées. L’international constitue donc un levier de développement important.

Une volonté qui n’empêche pas le Français d’être exigeant dans ses acquisitions. La Finlande est un pays qui nous a particulièrement intéressé, précise Francis Grass, directeur général en charge de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique.. Premièrement, le pays affiche une stabilité politique et des règles du jeu conformes à nos valeurs éthiques. Ensuite, en partie à cause des conditions climatiques rigoureuses qui font souffrir les routes, les investissements dans les infrastructures sont stables dans le temps. »

Tous ces éléments permettent à Colas de rentabiliser les quelque 200 millions mis sur la table pour prendre le contrôle de Destia. Et les dirigeants de Colas sont très satisfaits de l’opération. Avec un chiffre d’affaires de plus de 640 millions, Destia est un acteur majeur dans son pays. Il affiche des points forts dont le groupe pourrait bénéficier, par exemple dans l’entretien des routes ou l’utilisation du numérique, notamment des caméras sur drones pour suivre l’avancée des chantiers en temps réel.

Depuis Destia, Colas n’est pas resté inactif sur le front de la croissance externe. En 2024, Colas prend le contrôle du suisse De Luca, spécialisé dans les infrastructures routières et les travaux ferroviaires. L’année précédente, quatre entreprises – deux aux États-Unis, une au Canada et une au Danemark – étaient entrées dans le giron du géant français. Ils étaient tous présents dans les travaux routiers et les matériaux de construction. Mais toutes ces acquisitions étaient bien inférieures à celles du Finlandais.

L’Europe du Nord, l’Allemagne et les Etats-Unis visés

Le spécialiste routier français est désormais prêt à accélérer à nouveau à l’international. Nous sommes à nouveau à la recherche d’une acquisition majeure, confirme Pierre Vanstoflegatte. L’Europe du Nord continue de nous intéresser, notamment la Suède et la Norvège. Nous ciblons également l’Allemagne, où nous sommes très peu présents même si le marché est très vaste. Mais les opérations sont difficiles à mener dans un pays qui compte de nombreuses entreprises familiales. Enfin, nous cherchons à nous renforcer aux États-Unis. Nous réalisons déjà un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros. Mais finalement, ce n’est pas grand-chose pour un très grand marché. »

Elise

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