« Le géant BHP veut acheter Anglo American non pas pour ses diamants mais pour son cuivre »

P.Pour faire fortune, abandonnez les diamants et suivez le cuivre. Ce métal ancien, aussi vieux que l’agriculture, vaut aujourd’hui de l’or. Et c’est beaucoup plus facile à trouver. Tous les petits voyous se découvrent actuellement une passion pour les réseaux de télécommunications, qu’ils pillent pour revendre le métal au marché noir. Ils ne sont pas les seuls à succomber à cette nouvelle fièvre provoquée par la transition énergétique.

Le premier groupe minier mondial, l’australien BHP, a annoncé ce jeudi 25 avril qu’il proposait une fusion avec son concurrent, le sud-africain Anglo American, propriétaire du roi du diamant De Beers, mais aussi d’immenses mines de cuivre au Chili. Il s’agirait en fait d’une absorption pure et simple, puisque BHP est cinq fois plus importante que son rival en termes de capitalisation boursière. La transaction, en titres, s’élèverait à 42 milliards de dollars (39 milliards d’euros), selon l’agence Bloomberg.

L’affaire est loin d’être réglée pour l’Australien. Sa proie a très moyennement apprécié la proposition, qu’elle considère « non sollicité et hautement conditionnel ». Mais les mineurs sont de grosses bêtes qui savent faire face à la fois aux exigences de très longues périodes et à la nécessité de saisir rapidement les opportunités. Il faut en moyenne dix-sept ans pour ouvrir une mine, mais quelques semaines pour se jeter sur une proie affaiblie. Le cours de l’action Anglo American a chuté de 12% en un an, suite à une révision à la baisse de ses prévisions de production.

BHP ne s’intéresse pas aux diamants ou au platine, pour lesquels Anglo American est célèbre, mais à ses mines de cuivre. Le courtier suisse en matières premières Trafigura a récemment posé l’équation dans Le monde : la consommation devrait augmenter de près de 30 % dans les dix prochaines années, principalement pour accompagner l’électrification des énergies (voitures, réseaux), alors que, depuis dix ans, la demande dépasse déjà l’offre. Selon l’AIE, 80 nouvelles mines devraient être ouvertes d’ici deux ans pour répondre à cet appel d’air. Nous en sommes loin. BHP, de son côté, a choisi de racheter ses concurrents. Son compatriote Oz Minerals en 2023 pour 6,4 milliards de dollars, et désormais BHP.

Reste à vaincre les réticences de l’Afrique du Sud, dont le fonds de pension est le premier actionnaire d’Anglo American, et celles des autorités de la concurrence, qui voient ce groupe s’approprier près de 10 % de la production mondiale. , et enfin une possible surenchère de concurrents, comme son grand rival Rio Tinto. La ruée vers le cuivre s’annonce sanglante.