« Le gouvernement doit écrire un nouveau cap allant des gestes uniques vers une rénovation globale », selon le président de la CAPEB

Alors que le nombre de rénovations énergétiques réalisées dans le cadre de MaPrimeRenov’ est en baisse début 2024, des mesures de simplification du dispositif entrent en vigueur le 15 mai. Jean-Christophe Repon, de la Confédération des artisans du bâtiment, incite les Français à se lancer avec des gestes simples.

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Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.  (RADIOFRANCE)

A partir du mercredi 15 mai, l’accès au dispositif d’assistance MaPrimRenov’ sera simplifié. En résumé, pour bénéficier de ce coup de pouce, fini le concept de rénovation globale obligatoire. Nous pouvons faire un seul geste. Par exemple, vous pouvez simplement réaliser des travaux d’isolation sans avoir à installer un nouveau système de chauffage. Pour Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, c’est l’occasion pour les particuliers de reconsidérer la question de la rénovation énergétique.

franceinfo : Les données de l’Anah montrent qu’entre janvier et mars 2024, le nombre de rénovations énergétiques réalisées dans le cadre de MaPrimeRénov’ a diminué de 43% par rapport à la même période en 2023. Le nombre de dossiers de demande de rénovation énergétique Les aides déposées ont également diminué de 65% entre le 1er trimestre 2023 et le 1er trimestre 2024.

Jean-Christophe Repon : La volonté du gouvernement d’avoir une rénovation globale dite à grande échelle était assez restrictive et on a vu le nombre de dossiers diminuer. Pour le premier trimestre 2024, l’agence nationale qui finance le dispositif compte 5 000 dossiers traités et 11 000 en cours. Alors par rapport à l’ambition initiale du gouvernement, qui voulait voir atteindre 220 000 rénovations dites de grande envergure – un chiffre revu par Christophe Béchu à 140 000 –, nous étions loin du défi à relever ensemble.

Pourquoi ça ne marche pas ?

La volonté du gouvernement d’adopter une vision très vertueuse, avec une seule rénovation, n’est plus économiquement rentable. Le résultat ne correspond pas à la réalité du marché.

« On voit bien que quand on fait un seul geste, un seul geste qui est le début d’un parcours de rénovation, on a plus d’individus qui posent la bonne question. »

Jean-Christophe Repon

sur franceinfo

Pour précision, nous parlons d’un système qui sera en vigueur jusqu’au 31 décembre 2024. Alors, la question se pose pour l’après ?

Nous avons cinq mois pour convaincre le gouvernement d’écrire un nouveau cap allant de l’accumulation d’actions isolées vers une rénovation globale. Je pense que nous avons un potentiel de clients et de particuliers qui ont déjà rénové, qui ont déjà fait appel à MaPrime Rénov’ par le passé, notamment sur le changement énergétique, qui peuvent potentiellement aller plus loin, vers une rénovation globale.

Ce que nous voulons, c’est qu’un maximum d’entreprises artisanales que je représente, soit un potentiel de 600 000 entreprises artisanales à travers le pays, aient accès à ce marché. Quand on voit que pour que vous puissiez bénéficier de MaPrimeRénov’, nous devons être des artisans RGE (Garant Environnemental Reconnu), chaque année nous avons de moins en moins d’entreprises reconnues.

Cette mention est une reconnaissance accordée par les pouvoirs publics, par l’Ademe, aux professionnels du secteur engagés dans une démarche qualité. Y a-t-il aujourd’hui assez d’artisans avec cette mention ?

« Nous devons pouvoir valider notre compétence à la fin d’un projet, être audité et validé, afin d’obtenir une compétence RGE basée sur nos compétences et non sur un dossier. »

Jean-Christophe Repon

sur franceinfo

Et puis nous voulons aussi une simplification dans les audits, dans les activités et dans les papiers que nous devons fournir aux auditeurs.

Si on envisage des travaux de rénovation énergétique, on dépose un dossier, on contacte des artisans pour des devis, et on attend d’avoir obtenu l’aide ?

Il nous faut trouver un conseiller France Rénov’ pour commencer à construire un plan de rénovation. Le seul geste, me semble-t-il, est la bonne entrée. Je pense que plutôt que d’économiser et d’économiser, on voit bien que les Français économisent beaucoup en ce moment, il faut que chacun se projette vers cette réduction des factures énergétiques qui passe par la rénovation énergétique.

« J’encourage les particuliers à se poser la question d’une bonne énergie, d’une bonne isolation, d’une bonne ventilation, de bons huisseries, pour que leur logement leur permette de moins consommer, de baisser leur facture énergétique et puis, derrière, de valoriser votre logement. « 

Jean-Christophe Repon

sur franceinfo

J’encourage donc les individus à adopter cette démarche et j’encourage le gouvernement à réfléchir avec nous à la bonne voie pour pouvoir réussir le défi de 2025. Cette voie et cet ajout de mono-gestes me semble être la meilleure voie. plus légitime d’amener le plus grand nombre de Français possible vers la rénovation énergétique.

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