Fini la procrastination. Deux jours avant sa déclaration de politique générale et deux semaines sans doute avant la présentation de son premier budget, Michel Barnier a commencé à adopter avec son gouvernement les mesures jugées nécessaires pour reprendre la main sur des finances publiques en pleine ébullition. Parmi les projets examinés par l’exécutif ces derniers jours, et consultés par Le monde, comprennent notamment un prélèvement exceptionnel de 8 milliards d’euros sur les grands groupes et une taxe sur les rachats d’actions. L’impôt sur le revenu resterait stable.
Il y a une urgence. En arrivant à Matignon, “J’ai trouvé une situation très dégradée, bien plus dégradée qu’on ne le dit”, a expliqué le nouveau Premier ministre, dans un entretien avec Journal de Saône-et-Loire, le 27 septembre, laissant entendre que le gouvernement Attal avait caché l’ampleur de la dérive budgétaire. Le déficit public est “aujourd’hui plus de 6%” du produit intérieur brut (PIB), très loin des 4,4% initialement visés pour 2024, déplore Michel Barnier. Quant à la dette accumulée à la suite des déficits passés, elle a atteint un nouveau record fin juin, à 3 228 milliards d’euros, soit près de 1 000 milliards de plus qu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée. en 2017, révélait l’Insee le 27 septembre.
Pour enrayer cette dérive, le gouvernement n’exclut pas de présenter très rapidement un projet de loi de finances rectificative, pour adopter des mesures fiscales applicables d’ici la fin de l’année. Surtout, il prépare le budget de l’Etat pour 2025, quelque peu en catastrophe. La soumission du projet à l’Assemblée nationale a été retardée, à compter de la date légale du 1euh Octobre à “la semaine du 9 octobre”, ce qui implique de finaliser le texte dans les prochains jours pour le transmettre au Haut Conseil des finances publiques et au Conseil d’Etat, chargés de l’évaluer avant de le transmettre aux parlementaires. A Matignon, les réunions interministérielles se succèdent pour tenter de respecter l’échéance.
Pour l’essentiel, l’effort de relance passera par la réduction de certaines dépenses publiques, a promis le nouveau gouvernement. Mais des augmentations d’impôts sont également envisagées, officiellement au nom de la « justice fiscale ». « La situation de nos finances publiques nous impose de prendre de nouvelles mesures en impliquant les contribuables ayant les plus fortes capacités contributives », on juge à Bercy. C’est le sens des premiers projets fiscaux mis sur la table.
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