Le Kremlin a promis vendredi des « restrictions » sur les médias américains en Russie, en représailles aux sanctions annoncées mercredi visant les médias d’État russes.
« Il ne peut y avoir de mesures similaires : il n’y a pas d’agence de presse d’Etat aux Etats-Unis, pas de chaîne de télévision d’Etat. Mais, bien sûr, il y aura des mesures qui constitueront des restrictions à la diffusion de leurs médias », a déclaré le porte-parole du président russe Dmitri Peskov, cité par l’agence d’Etat Ria Novosti.
Lors d’un point de presse téléphonique ultérieur, il n’a pas donné de détails sur les mesures envisagées, tout en dénonçant à nouveau les sanctions américaines.
« Washington n’admet même pas la possibilité que des informations venant de nous puissent être accessibles à quiconque. Nous condamnons fermement cette attitude, qui est inacceptable », a-t-il déclaré.
Les autorités américaines ont pris mercredi une série de mesures, notamment contre des dirigeants du média russe RT, dont sa rédactrice en chef Margarita Simonian, en réponse, selon Washington, aux tentatives russes d’ingérence dans l’élection présidentielle américaine de novembre.
Le président russe Vladimir Poutine était « au courant » de ces opérations, a affirmé mercredi la Maison Blanche.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré jeudi que les mesures prises contre les responsables de RT faisaient partie d’une « campagne d’information », affirmant que Moscou préparait des sanctions qui « feraient frémir tout le monde », sans donner plus de détails.
Ces annonces interviennent à un moment où les relations entre la Russie et les États-Unis sont glaciales, et n’ont fait qu’empirer depuis l’offensive russe en Ukraine en février 2022.
La plupart des médias américains opérant en Russie ont réduit leurs effectifs ou retiré des employés du pays depuis février 2022, confrontés à une pression quotidienne croissante.
Un journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, a même été emprisonné à partir de fin mars 2023, condamné ensuite pour « espionnage » – ce que lui, son employeur et Washington ont toujours rejeté – avant d’être échangé avec d’autres prisonniers le 1er août.
Dmitri Peskov a également déclaré vendredi qu’il trouvait « justifié » que les autorités russes recourent à la censure en temps de « guerre ».
« Dans l’état de guerre dans lequel nous nous trouvons, les restrictions sont justifiées, tout comme la censure est justifiée », a-t-il déclaré, cité par l’agence d’État TASS, un aveu rare des autorités, dont le contrôle de l’information a été considérablement renforcé au cours des deux ans et demi écoulés.
Le Kremlin mène une répression tous azimuts contre ses détracteurs et les médias indépendants, ce qui lui vaut une dernière place dans le classement 2024 de la liberté de la presse établi par l’ONG Reporters sans frontières.
bur/mba