Le loup revient au pays de la bête du Gévaudan

Les jours de foire, c’était toujours la même chose : après la traite, vers 7 heures du matin, le bol de soupe aux lardons, le morceau de fromage bleu, le saucisson coupé à la surface d’un pouce, le canon de rouge, le tranchant déclic du couteau se fermant, la main passa entre le front et le béret, la veste que l’oncle allait chercher dans l’armoire du dimanche. Celui en velours noir, celui des foires de Nasbinals, Aumont-Aubrac, Malbouzon, Saint-Chély-d’Apcher. A l’intérieur, juste sous le décolleté, une image associée à la marque de vêtement et, comme souvent ici en Margeride, à la bête du Gévaudan. Car les légendes ont la vie dure et ce n’est pas une balle, même si elle est en argent comme celle prétendument utilisée en 1767 par Jean Chastel pour tuer l’animal le plus recherché de France, ce qui aura raison.

Pour s’en convaincre, il faut avancer la nuit dans l’éther des forêts quand les arbres, craquant comme des bancs d’église, nous font soudain sursauter. Là, dans ce pays de granit, de tourmentes, de douglas, de hêtres et de genêts où, en 1977, entre la Croix de la Rode et le lac du Born, Albert Pégorier tua ce que l’on croyait être le dernier loup de l’Aubrac.

La capitale sympathie du loup

Cette année-là, les vaches et les veaux étaient régulièrement attaqués. Le paysan est autorisé par les pouvoirs publics à utiliser son fusil. Un matin, sur le puech derrière la ferme, les chiens aboyaient plus que d’habitude, alors Pégorier a tiré deux fois et est entré (…) Lire la suite