Le Medef dénonce les propositions de « certains », pointant les projets du RN et de LFI

Le Medef prend timidement position avant les élections législatives. L’organisation patronale soutiendra « des projets favorables aux réformes économiques et à l’ambition européenne », a-t-il indiqué mardi dans un communiqué, dénonçant les propositions de « quelques » susceptible d’affaiblir économiquement la France ou de conduire à une instabilité financière.

 » Le résultat des élections législatives sera décisif pour garantir un avenir économique dans lequel les entreprises pourront continuer à se développer et à créer des emplois. », assure la première organisation patronale de France, représentant 200 000 entreprises de toutes tailles et fédérant 10 millions de salariés.

Rappelant que deux millions d’emplois ont été créés depuis 2017 et que, selon le baromètre du cabinet EY, la France est classée première en Europe pour l’attractivité des investissements étrangers depuis cinq ans, le Medef souligne que « ces résultats sont fragiles » et qu’il est « il est essentiel de poursuivre les réformes « .

Le Medef craint une nouvelle dégradation des finances publiques

Il met un accent particulier sur la réforme du marché du travail, la réduction des impôts sur la production et des charges sociales, l’encouragement de la R&D et la réduction de la dette et des déficits publics.

 » Quelquesil continue, en listant les projets du Rassemblement national ou de La France insoumise, proposer des mesures économiques contraires à ces objectifs « , comme  » le retour à la retraite à 60 ou 62 ans, l’indexation automatique des salaires à l’inflation, la nationalisation des autoroutes, des banques et des industries dites stratégiques, ou encore la sortie du nucléaire et de l’éolien « .

Dissolution de l’Assemblée : la France plonge dans le brouillard économique et budgétaire

Ces mesures  » entraînera inévitablement une nouvelle détérioration de nos finances publiques et des augmentations d’impôts pour les ménages et les entreprises », assure le Medef.  » Nous ne pouvons pas prendre le risque de l’instabilité financière et de la méfiance de nos partenaires économiques « , il insiste.

Le Medef observe également que, face à « une concurrence internationale de plus en plus vive « , l’Union européenne  » est un atout considérable » pour les entreprises. Il dénonce encore « certains » qui « opposés à ce projet, la liberté de circulation, la mobilisation des capitaux européens, le principe même du libre-échange avec nos partenaires commerciaux « .  » Cela serait contraire à l’intérêt économique de la France. »

Bruno Le Maire appelle le monde économique à « se mouiller »

Les organisations patronales craignent que le Rassemblement national, s’il remporte les législatives, ne bouleverse une politique économique qui a permis aux entreprises et à l’emploi de mieux se porter depuis dix ans.

Ce mardi matin, Bruno Le Maire a appelé « le monde économique  » a  » se mouiller » contre le RN, appelant notamment les organisations patronales Medef et CPME à « dire clairement ce qu’ils pensent des programmes économiques de chacun » et d’alerter sur « le projet de loi du programme marxiste de Marine Le Pen « .

Après avoir réfléchi à une position commune, les trois organisations représentatives du patronat, le Medef, qui défend notamment les grandes entreprises, la CPME (petites et moyennes entreprises) et l’U2P (entreprises locales), y ont renoncé, tout en réagissant avec une inquiétude partagée face au dissolution de l’Assemblée nationale.

 » Une nouvelle campagne s’ouvre dans laquelle nous ne partagerons pas certaines visions politiques incompatibles avec la compétitivité des entreprises et la prospérité du pays et de nos concitoyens. », a d’abord remarqué, sans plus de précisions, le Medef, dans une déclaration à l’AFP.

Amertume à l’U2P

Pourtant, signe d’une certaine inquiétude, son président Patrick Martin s’est entretenu lundi matin avec Michel Picon, le président de l’U2P, alors que les deux organisations ont actuellement de vifs désaccords.

 » Nous avons convenu de mettre ces sujets sur pause pendant la campagne, pour donner la priorité aux intérêts de nos petites et grandes entreprises face aux risques de propositions économiques ou sociales folles. », a expliqué Michel Picon à l’AFP.

Dissolution : un mauvais signal pour la marque France sur les marchés

Il a parlé de « amertume » après une dissolution qui met en danger les intérêts des petites entreprises, comme celles sur la simplification ou sur la fin de vie, et a déploré avoir « aucune information » sur le sort de la réforme de l’assurance chômage, ou de la future loi Travail. L’U2P, a-t-il rappelé, avait estimé en 2022 que le programme économique de Marine Le Pen, « si elle était refusée, cela aurait de mauvaises conséquences pour l’entreprise « .

Cette organisation patronale veut « respecter le choix du peuple, mais le RN doit dire plus précisément ce qu’il entend sur des sujets ayant un impact fiscal, social, économique pour les petites entreprises « , a-t-il ajouté, citant la retraite à 60 ans ou l’immigration : sur ce point,  » qu’en est-il de toutes les personnes qui travaillent pour nous aujourd’hui ? », a demandé Michel Picon.

Les patrons gardent la tête froide

Individuellement, les patrons tentent de garder la tête froide face à l’impact possible d’une poussée du RN.  » Le message est : « D’abord, pas de panique, ce n’est pas fait ! » »a souligné lundi la direction d’un poids lourd du CAC 40, ajoutant : « Tout le monde veut renverser la table mais, une fois au pouvoir, la responsabilité crée la responsabilité ! « .

 » Nous sommes des acteurs économiques qui ne font pas de politique », a assuré Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires/Intermarché. Mais «  quelles que soient les politiques, nous défendrons farouchement nos positions », a-t-il prévenu.

Le patron de la filiale française d’un groupe industriel européen a regretté « qu’on ne sait rien » du programme économique RN.  » Nous venons de vivre les débuts d’une réindustrialisation depuis 10 ans avec une politique de l’offre qui a porté ses fruits. Est-ce que tout cela va continuer ? », se demandait-il.

La crainte que certains patrons rejoignent le RN

La majorité se demandait lundi si certains patrons ou hauts fonctionnaires ne seraient pas tentés par une aventure personnelle avec le RN en cas de son score élevé en juillet. Un député de la Renaissance craignait que « un écart très important convainc un certain nombre de personnes compétentes de monter dans le wagon », et que ce « professionnalise l’infirmière autorisée « . Mais pour l’instant, «  les digues tiennent », s’est-il rassuré.  » Il n’y a pas de contagion des employeurs par le RN » a également estimé un ancien ministre, tout en s’alarmant lui aussi « du cynisme de certains qui préparent la suite « .

(Avec l’AFP)