Le mouvement indépendantiste s’essouffle alors que la Catalogne célèbre sa fête annuelle

Alors que la traditionnelle fête annuelle de Catalogne est célébrée mercredi, le mouvement indépendantiste de la région espagnole est en pleine crise, écrasé par les divisions et, pour la première fois depuis plus d’une décennie, hors de portée du pouvoir local.

Comme cela a souvent été le cas ces dernières années, les principales organisations ne défileront pas ensemble, et les Catalans sont donc invités à descendre dans la rue de manière dispersée et dans différents endroits de Barcelone et d’autres villes.

Comme elles semblent loin les années autour de la tentative de sécession de 2017, quand plus d’un million de personnes manifestèrent à Barcelone pour la Diada – qui commémore chaque 11 septembre la résistance de Barcelone en 1714 contre les troupes du roi d’Espagne, Philippe V.

Signe que le contexte a changé dans cette riche région du nord-est de l’Espagne, c’est désormais un homme politique qui n’est ni indépendantiste ni séparatiste, pour la première fois depuis 2010, qui préside l’exécutif régional catalan, le socialiste Salvador Illa.

Vainqueur des élections de mai, sans majorité absolue mais devant les partis indépendantistes, cet ancien ministre de la Santé, proche du Premier ministre Pedro Sánchez, a dû négocier âprement avec divers partis pour être investi.

Il a fini par obtenir le soutien des indépendantistes modérés d’ERC, au grand dam du parti Junts de Carles Puigdemont, l’homme fort de la tentative de sécession de 2017, dont le parti soutient le gouvernement de Pedro Sánchez à Madrid.

Mais le soutien de l’ERC à Salvador Illa a un prix : la promesse d’accorder à la Catalogne le contrôle total des impôts collectés sur son territoire, l’une des principales revendications du mouvement indépendantiste depuis des décennies.

– Un pacte controversé –

La proposition, qui doit d’abord être approuvée par le Parlement espagnol, a suscité des inquiétudes chez l’opposition conservatrice et certains socialistes, qui estiment qu’elle pourrait déséquilibrer l’ensemble du système fiscal des régions. “L’accord sera trouvé. Il sera douloureux, mais il sera trouvé”, a insisté Illa jeudi au Parlement régional catalan.

Le début de son mandat en août a été marqué par la brève réapparition à Barcelone, le jour même de son investiture, de Carles Puigdemont, toujours sous mandat d’arrêt en Espagne pour son rôle dans la sécession avortée de 2017.

Le leader séparatiste, dont le parti Junts est arrivé deuxième aux élections de mai et qui n’avait pas remis les pieds en Espagne depuis 2017, est venu prononcer un discours de quelques minutes au cœur de Barcelone, avant d’échapper à la police et de rentrer en Belgique, où il a passé la majeure partie de ses sept années loin de l’Espagne.

Dans ce contexte, si le mouvement apparaît clairement affaibli, le sentiment indépendantiste persiste néanmoins dans une partie de la population, et continue d’influencer la politique espagnole : selon le dernier sondage de l’institut de sondage catalan (CEO), 40% des Catalans se disent toujours favorables à l’indépendance de la région, contre 53% qui s’y disent opposés.

Le séparatisme « n’a pas été vaincu, mais la frange la plus indépendantiste de l’électorat a compris que la situation n’était pas favorable. Le thème pourrait être réactivé dans un autre contexte », analyse Ana Sofía Cardenal, professeure de Sciences politiques à l’Université ouverte de Catalogne (UOC).

L’inconnue reste Puigdemont, à qui la loi d’amnistie accordée aux personnes impliquées dans la tentative de sécession de 2017 en échange du soutien des indépendantistes catalans au gouvernement de Pedro Sánchez à Madrid, ne s’applique pas pour le moment.

“Puigdemont et Junts sont de plus en plus isolés, de moins en moins utiles”, juge Ana Sofía Cardenal, expliquant que les électeurs attendent des résultats. “Junts a continué à prendre des décisions qui ont condamné le parti à se retrouver en marge”.

Le parti de Puigdemont, dont le soutien de sept députés au Congrès a été décisif dans le retour au pouvoir de Sánchez l’année dernière, revendique néanmoins son influence.

“Le gouvernement espagnol n’a aucun soutien garanti. Nous avons conclu un accord d’investiture en échange d’une amnistie et nous avons dit que le reste serait négocié au cas par cas”, a tonné la semaine dernière le secrétaire général de Junts, Jordi Turull, sur les ondes de la radio Rac 1.

RS/MIG/MDM/ROC

Anna

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