Avec 1,09 million de dossiers validés depuis le début de l’année au 8 septembre, le compte personnel de formation (CPF) devrait, si la courbe se poursuit, terminer l’année à un niveau proche de celui de 2023 (1,44 million de dossiers). « Le système est entré dans sa phase de maturité »commente Gwenola Martin-Gonzalez, directrice de la formation professionnelle et des compétences à la Caisse des dépôts, qui gère ce dispositif pour le compte du ministère du Travail. Créé en 2014 et entré en vigueur en 2015, le CPF confie au salarié la responsabilité de sa formation professionnelle, sans l’avis de son entreprise.
Il est vrai que les pouvoirs publics se sont engagés à mieux contrôler le PCF, victime de son succès et de dérives qui ont été largement jugulés.
La dernière initiative en date pour réguler la demande a été l’instauration, le 2 mai, d’une cotisation forfaitaire obligatoire de 100 euros pour tous les demandeurs de CPF, à l’exception des chômeurs. Parallèlement, des restrictions au financement des permis de conduire ont été introduites pour les véhicules légers, sachant que les demandes concernaient souvent des motos de grandes dimensions. « Ces nouvelles règles visent à ancrer l’utilisation du CPF dans un acte réfléchi et dans le cadre d’un projet professionnel », justifie Gwenola Martin-Gonzalez.
L’annonce de ces mesures a provoqué un pic artificiel de demandes de CPF le mois précédant leur mise en place, qui a dégringolé en mai. Reste à savoir si cette contribution forfaitaire n’a pas nui à la démocratisation de l’accès à la formation continue, objectif affiché de la loi de 2018 réformant le CPF. À moyen terme, ce dispositif a tenu ses promesses puisque la part des chômeurs et des non-cadres bénéficiant de la formation continue a considérablement augmenté en six ans.
Préserver les finances publiques
Toutefois, sur les huit premiers mois de 2024, les chiffres de la Caisse des Dépôts montrent un léger recul de la part des personnes sans diplôme (16 % des bénéficiaires, contre 21 % en 2022) et des non-cadres (80 %, contre 85 % en 2022). Même si ce recul a commencé en 2023, un effet d’éviction risque de toucher les salariés à faibles revenus. Dans quelle mesure, si l’on exclut l’impact à court terme des JO de Paris 2024 et les incertitudes politiques qui ont également eu un effet récessif sur la demande de formation ?
Michel Barabel, directeur de l’Executive Master RH de Sciences Po, estime que la baisse pourrait atteindre 10% en 2025 par rapport à 2023. « Contrairement aux cadres qui considèrent la formation comme un investissement rentable et peuvent payer cette quote-part, les moins qualifiés ont souvent connu l’échec scolaire et ont un rapport compliqué à la formation.il observe. De plus, 100 euros peuvent représenter 10% du revenu d’un salarié au Smic à temps partiel, ce qui n’est pas négligeable. Cette mesure porte atteinte à l’objectif de démocratisation mais s’explique par la volonté de l’Etat de réduire le coût du CPF, qui s’envolait. L’État aurait pu exempter du ticket modérateur tous les biens inférieurs à un seuil de revenus, mais le souci de simplicité et d’efficacité pour préserver les finances publiques a clairement prévalu.
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