JUSTICE – Il est le seul des 51 accusés à ne pas être poursuivi pour le viol de Gisèle Pelicot, et pourtant, les faits dont il est soupçonné sont terribles. Ce mercredi 11 septembre, le tribunal correctionnel du Vaucluse s’est penché sur le cas de Jean-Pierre M., 63 ans, accusé de viols aggravés sur sa compagne après avoir été en contact avec Dominique Pelicot. Ce dernier était une nouvelle fois absent, malade, et ce jusqu’au lundi 16 septembre au moins. Selon le parquet, l’homme aurait reproduit les mêmes ” mode de fonctionnement ” que le principal accusé de “l’affaire Mazan”, a utilisé la soumission chimique pour violer sa femme, et a pris des photos.
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Les faits se seraient déroulés à 12 reprises entre 2015 et 2020. L’ancien chauffeur routier dans une coopérative agricole les a reconnus : il est accusé d’avoir administré des anxiolytiques à sa femme afin de la violer, et ce en compagnie de Dominique Pelicot à plusieurs reprises. Il fait désormais partie des 18 accusés détenus, dont l’un est en fuite et les autres comparaissent libres. Devant les enquêteurs ou le magistrat instructeur, Jean-Pierre M. a expliqué avoir rencontré le principal accusé au salon “à son insu” du site de Coco, fermé en juin dernier.
Et “des 12 faits, c’est à la demande de Jean-Pierre M. que Pelicot est venu”a déclaré Stéphan Gal, l’un des deux directeurs d’enquête, mardi 10 septembre. « A chaque fois qu’il se déplaçait, (ce dernier) lui fournissait les médicaments pour la fois suivante »l’enquêteur avait indiqué, corrigé par Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot, selon qui il n’y aurait eu que « quatre transferts de drogue ».
La compagne de Jean-Pierre M. n’a pas intenté d’action civile, expliquant qu’elle cherchait à « Protégez vos enfants. » Elle a néanmoins été interrogée par le président du tribunal ce mercredi en fin d’après-midi, apparaissant très émue dans le box des accusés. « Avec mon mari, tout allait bien. Il a toujours été une très bonne personne, un père très protecteur. Quand tout cela est arrivé, je suis tombée de très très haut. »elle a détaillé.
«Toutes ces années, tout était normal, tout allait bien, on ne s’est jamais disputé. Rien ne pouvait me dire qu’il pouvait faire ça», poursuit cette petite femme aux cheveux courts.
— Juliette Campion (@JulietteCampion) 11 septembre 2024
Au tribunal, cette femme s’est souvenue d’une nuit où elle s’est réveillée et s’est retrouvée face à face avec Dominique Pelicot et son mari. « Rien ne m’a fait penser qu’il s’était passé quelque chose. »a-t-elle insisté, alors qu’elle était tout habillée à ce moment-là. Elle attend des explications de Jean-Pierre M. lors du procès et estime que « S’il n’était pas tombé sur ce site, et s’il n’avait pas rencontré la mauvaise personne, il n’aurait jamais fait ça ».
Lui pardonner ? ” Jamais “, elle a assuré à la Cour. « J’espère qu’il pourra sortir un jour, voir ses enfants. Pour moi, il a purgé sa peine, il a tout perdu. »a conclu l’épouse de Jean-Pierre M., qui risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.
Les témoignages des deux enfants de Jean-Pierre M., ainsi que la lecture du rapport de l’enquêteur ce mercredi matin, ont permis d’éclairer le parcours de l’accusé, marqué par une enfance dans une grande pauvreté et un contexte de violences conjugales, notamment sexuelles. « J’ai été élevé par des cochons »a expliqué le sexagénaire, l’avant-dernier d’une dizaine d’enfants qui vivaient dans une ferme, après son arrestation à l’hiver 2021. Les enfants étaient battus, “ attaché nu aux arbres toute la nuit”et le père “ “organisait des orgies devant ses enfants”a déclaré son avocat, Patrick Gontard.
Enquête de personnalité « Rasmus » : avant-dernier d’une famille de 10 enfants ayant grandi à la ferme dans une famille très pauvre marquée par l’alcoolisme de la mère et les violences sexuelles importantes du père #viols #Mazan @RMCInfo #Pélicot
– Marion Dubreuil (@MarionDub) 11 septembre 2024
Une enfance dont il est loin d’avoir révélé les détails à ses propres enfants. Le fils de celui qui a été authentifié par le surnom ” Rasmus ” sur les vidéos, mentionné au bar « un père exemplaire qui ne montre pas ses émotions »La jeune fille de 28 ans a parlé d’une “couple fusionnel heureux” pour décrire ses parents. « Ce qu’il a fait est impardonnable, je ne comprends pas, je suis choqué »a ajouté celui qui espère obtenir “réponses” grâce au procès.
« Les faits sont très graves, je pense qu’il en est conscient. »son fils de 32 ans a également déclaré. Mais ce procès sera un soulagement, je l’encourage à se rendre.”Il a continué. Avec cette certitude : “ J’ai la conviction profonde que s’il n’avait pas rencontré cette personne (Dominique Pelicot), cela ne serait jamais arrivé, (…) cela aurait peut-être réveillé des souvenirs que nous ignorions.”
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