Le patronat s’inquiète des idées économiques du RN, sans l’attaquer frontalement

Le patronat s’inquiète des idées économiques du RN, sans l’attaquer frontalement
Le président du Medef, Patrick Martin, à Paris le 18 avril 2024 (Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)

« Risque d’instabilité financière », « propositions folles » : les organisations patronales s’inquiètent que le Rassemblement national (RN), s’il remporte les législatives, ne bouleverse une politique économique qui a permis aux entreprises et à l’emploi de mieux se porter depuis 2017 , mais évitez de l’attaquer trop frontalement.

Mardi matin, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a appelé « le monde économique » à « se mouiller » contre le RN, et notamment les deux plus grandes organisations patronales, le Medef et la CPME, à « dire clairement ce qu’ils pensent de chacun ». programmes économiques des autres » et de mettre en garde contre « le projet de loi du programme marxiste de Marine Le Pen ».

La veille, les trois organisations représentatives, le Medef, qui défend les entreprises de toutes tailles et parmi elles les plus grandes, la CPME (petites et moyennes entreprises) et l’U2P (entreprises de proximité) envisageaient de publier une position commune, avant de la donner. en haut.

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appelé
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a appelé « le monde économique » à « se mouiller » contre le RN (JULIEN DE ROSA / AFP)

Mardi, dans un communiqué qui ne cite aucun parti, tout en visant clairement des projets du RN et, pour faire bonne mesure, de LFI, le Medef a dit craindre les propositions de « certaines », « allant du retour de la retraite à 60 ans ». années à l’indexation automatique des salaires à l’inflation, y compris la sortie du nucléaire ou de l’éolien.

« Elles se traduiraient inévitablement par une nouvelle dégradation de nos finances publiques et par des hausses d’impôts pour les ménages et les entreprises », a assuré le Medef, pointant également un risque « d’instabilité financière et de défiance de nos partenaires économiques ».

François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), à Puteaux, près de Paris, le 20 mars 2024
François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), à Puteaux, près de Paris, le 20 mars 2024 (Bertrand GUAY / AFP)

La CPME a également évité de citer le RN dans son propre communiqué, tout en rappelant ses priorités : poursuite de la politique de l’offre, décarbonation de l’économie et réforme du système de protection sociale.

Dans la soirée, Bruno Le Maire « s’est félicité », à l’issue d’un meeting électoral dans l’Eure, « des positions qui ont été prises » par les deux premières organisations patronales.

Non sans souligner qu’ils avaient de quoi être reconnaissants envers les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron.

Les 2 millions d’emplois que la majorité présidentielle prétend avoir créés « ne sont pas tombés du ciel, les (nouvelles) usines ne poussent pas comme des champignons (…) tout cela est le produit d’une politique économique », a-t-il affirmé. a estimé Bruno Le Maire.

« Cette politique économique produit des résultats, mais elle peut être brisée en quelques décisions », a-t-il immédiatement prévenu.

Signe de l’inquiétude du patronat, le président du Medef, Patrick Martin, et celui de l’U2P, Michel Picon, ont décidé lundi de mettre provisoirement de côté leurs points forts de discorde des derniers mois.

« La même chose »

« Face aux risques de propositions économiques ou sociales folles », il convient de « prioriser les intérêts de nos entreprises », a expliqué Michel Picon à l’AFP.

Il a rappelé que l’U2P avait critiqué le programme économique de Marine Le Pen en 2022.

Michel Picon, président de l'U2P, à Paris, le 16 octobre 2023
Michel Picon, président de l’U2P, à Paris, le 16 octobre 2023 (Miguel MEDINA / POOL/AFP/Archives)

Aujourd’hui, l’organisation veut « respecter le choix du peuple », mais attend du RN qu’il clarifie ses positions, sur des sujets comme la retraite ou l’immigration. Sur ce dernier point, « qu’en est-il pour tous les gens qui travaillent pour nous aujourd’hui ? », s’est interrogé Michel Picon.

Plus imprudent, le Centre des Jeunes Leaders (CJD), qui ne fait pas partie des organisations représentatives du patronat, a ordonné mardi à ses adhérents d' »aller voter » aux élections législatives, « à l’heure où les partis d’extrême droite sont atteignant des niveaux de vote historiques.

Individuellement, les patrons ont tenté lundi et mardi de garder la tête froide face à l’impact possible d’une poussée du RN.

« Pas de panique, ce n’est pas fait ! », a souligné la direction d’un poids lourd du CAC 40, espérant aussi « qu’une fois au pouvoir, les responsabilités créent l’imputabilité ».

Dans une autre entreprise du CAC 40, un constat amer a été tenu mardi : « Tout le monde pense la même chose (du programme économique du RN, NDLR) mais n’ose pas le dire, pour deux raisons principales ». D’un côté, les entreprises ne veulent pas s’aliéner les électeurs RN. En revanche, puisque ce parti propose la taxation des superprofits dans son programme européen, « personne ne veut mettre de l’huile sur le feu ».