Les juges d’instruction en charge de l’enquête sur la mort de Jean-Paul Benjamin, un automobiliste abattu à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en mars 2022, ont ordonné le renvoi du policier pour « violences volontaires ayant entraîné la mort », a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source judiciaire vendredi 6 septembre.
Dans leur réquisitoire, ils ont écarté la légitime défense invoquée par le policier, puisque celui-ci ne se trouvait pas sur la trajectoire de la camionnette conduite par la victime lorsque celle-ci a redémarré.
« En l’absence de tout élément de danger immédiat, l’usage d’une arme à l’égard du conducteur n’est pas absolument nécessaire et est surtout disproportionné au simple risque de fuite d’une personne soupçonnée de vol de biens »« Nous avons été convoqués à une réunion de la commission d’enquête, qui a eu lieu le 29 août, et qui a été consultée par l’AFP », écrivent-ils dans l’ordonnance datée du 29 août. Le policier de 35 ans sera jugé devant le tribunal correctionnel départemental de Seine-Saint-Denis.
La séquence des événements
Samedi 26 mars 2022, Jean-Paul Benjamin, patron d’une entreprise de transport de marchandises et en conflit avec un intermédiaire de la multinationale Amazon au sujet de factures impayées, a volé une camionnette remplie de colis à des livreurs peu après 12 heures. La camionnette a été signalée volée. L’alerte a été lancée sur les antennes radio de la police.
Une équipe de la brigade anticriminalité (BAC) d’Aulnay-sous-Bois a repéré le véhicule sur la longue avenue Suzanne-Lenglen, où la circulation était dense au moment des faits. Au volant de la camionnette, Jean-Paul Benjamin attendait le feu vert pour tourner en direction du lotissement de Gros-Saule, son clignotant gauche allumé. L’un des policiers de l’équipe est sorti de la voiture et s’est dirigé vers le camion. En l’espace de trois secondes, le brigadier s’est positionné à la portière conducteur de la camionnette, a reculé lorsque le véhicule a redémarré et a tiré.
La balle a transpercé la carcasse du véhicule, perforé l’omoplate de Jean-Paul Benjamin, traversé plusieurs organes vitaux et s’est logée dans son foie. L’homme a fini sa course dans le quartier voisin des Beaudottes, à Sevran. Victime d’une hémorragie interne, il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital.
Lors de l’enquête, le brigadier a déclaré avoir craint pour sa vie et celle des piétons. Selon lui, il aurait agi en état de légitime défense. Toutefois, selon l’enquête menée à partir d’images de vidéosurveillance et de témoignages, Jean-Paul Benjamin n’aurait pas eu de comportement dangereux envers les piétons et les automobilistes. Il est également reproché au policier d’être intervenu seul sans attendre de renforts.
Il sera jugé pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la provoquer par une personne dépositaire de l’autorité publique.
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