Le gouvernement conservateur envisage d’externaliser l’accueil des migrants en envoyant au Rwanda, contre compensation, ceux qui arrivent illégalement en Angleterre. Le Premier ministre souhaite faire adopter le texte avant les élections législatives.
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Les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni vont une nouvelle fois tenter de faire adopter un texte controversé sur l’immigration. Ce texte impossible est celui qui prévoit d’expulser les migrants arrivant sur le sol britannique au Rwanda. Le projet est sur la table depuis deux ans et les conservateurs peinent à le faire voter depuis deux ans. Il est revenu au Parlement lundi 15 avril, alors qu’il avait initialement été proposé par Boris Johnson.
Sur le plan technique, le texte a fait des allers-retours entre la Chambre des communes et la Chambre des Lords. La Chambre des Communes de droite a durci le texte, puis la Chambre des Lords, où les conservateurs n’étaient pas majoritaires, ont assoupli la loi pour qu’au final : elle ne soit jamais adoptée. On peut ajouter à cela un aspect plus juridique. La Cour suprême anglaise a jugé, en novembre 2023, que le texte initial était illégal.
Quelque 19 000 personnes concernées chaque année
L’idée de base est assez simple mais pas forcément très morale, les Anglais veulent externaliser l’accueil des migrants. C’est en fait “exporter” en citant les migrants qui arrivent illégalement en Angleterre et les envoient au Rwanda. Le concept a certes évolué puisque les migrants concernés sont désormais dans un premier temps volontaires. Ils recevraient 3 000 livres sterling, soit 3 500 euros. Une fois au Rwanda, les migrants seraient assurés d’un soutien de Kigali pendant cinq ans. Un porte-parole du gouvernement britannique estime que cela pourrait toucher dans un premier temps 19 000 personnes par an. Le problème est que le Rwanda n’est pas un « pays sûr » comme le promet le Premier ministre anglais. Les opposants au texte expliquent que le président rwandais Paul Kagame gouverne dans un climat de peur, sans opposition et sans liberté d’expression.
Malgré tout, le Premier ministre anglais Rishi Sunak n’en démord pas, il veut faire adopter le texte rapidement. C’est un texte symbolique, d’autres diront un marqueur politique et l’urgence est liée aux élections législatives qui auront probablement lieu au second semestre de cette année 2024, mais tous les sondages montrent la droite conservatrice perdante. Ce texte montrerait, selon le Premier ministre, que le gouvernement est efficace en matière d’immigration, d’autant que les passages de migrants dans la Manche se multiplient à nouveau. Ils augmentent de plus de 40 % entre 2023 et 2024. Pour le gouvernement anglais l’objectif est de faire adopter ce maudit texte, pour que les Anglais puissent constater les départs des premiers migrants avant les élections.