Le président chinois se rendra en Serbie et en Hongrie

Il s’agit de la première tournée du président chinois en Europe depuis la pandémie de Covid-19. Après sa visite de deux jours en France, il se rendra en Serbie et en Hongrie, deux partenaires économiques et politiques.

Le président chinois Xi Jinping est arrivé lundi 6 mai à l’Élysée pour le début d’une visite d’État de deux jours en France. Le président chinois poursuivra ensuite sa tournée européenne en Hongrie et en Serbie, deux étapes qui peuvent paraître surprenantes, mais qui s’expliquent par des liens économiques et géopolitiques.

La Serbie est une porte d’entrée vers l’Europe et la Chine est le deuxième partenaire économique du pays. Budapest sera la deuxième étape du président chinois en Europe, Viktor Orban étant le plus sinophile des dirigeants européens. Il a fait de son pays une tête de pont pour la Chine en Europe.

Serbie : Pékin participe à 60 projets d’infrastructures

Xi Jinping visite les pays européens importants pour la Chine. Si le président chinois considère la France comme le leader en Europe, il sait aussi que la Serbie est l’une de ses portes d’entrée privilégiées sur le continent, pour plusieurs raisons tant géopolitiques qu’économiques. Avec la guerre en Ukraine, la porte d’entrée vers l’Europe que constituent les Balkans prend de l’importance, et la Serbie, de par sa position géographique stratégique, figure en bonne place sur les « nouvelles routes de la soie », ce projet pharaonique chinois. qui vise à créer un corridor logistique entre la Chine et notamment l’Europe.

La Chine est le deuxième partenaire économique de la Serbie, derrière l’Allemagne. Le commerce entre la Serbie et la Chine a été multiplié par 100 en un peu plus de 10 ans. Pékin participe à 60 projets d’infrastructures en Serbie, d’une valeur de 19 milliards d’euros, et fournit un tiers des investissements étrangers du pays. Les entreprises chinoises ont également racheté des industries lourdes serbes dans les secteurs métallurgique et énergétique. Un accord de libre-échange a même été signé en 2023 entre les deux pays.

« Amitié de fer » : la Chine ne reconnaît pas le Kosovo

Pour Xi Jinping, la visite en Serbie est l’assurance de ne recevoir aucune critique en matière de droits de l’homme par exemple. Les deux pays ont également une approche commune de l’intégrité territoriale des territoires. Ainsi, la Chine ne reconnaît pas le Kosovo aux Nations Unies, tandis que Belgrade soutient Pékin sur Taiwan et le Tibet. Mais pour le président serbe Aleksandar VučićLe soutien de la Chine est inestimable alors que la Serbie fait face à des critiques croissantes concernant l’attaque paramilitaire au Kosovo en septembre 2023, les restrictions à la liberté des médias et la fraude à peine dissimulée lors des élections législatives et municipales de décembre 2023. “Amitié de fer”, c’est ainsi que la relation sino-serbe est décrite à Belgrade, contribue à contrebalancer les critiques de Bruxelles et de Washington. Si la pression occidentale devient trop forte, la Serbie pourra toujours renforcer ses liens avec la Russie et la Chine, liens qui n’ont jamais été menacés depuis une quinzaine d’années.

Hongrie : Pékin investit 8 milliards d’euros en 2023

Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orban, Pékin est devenu un partenaire majeur. Pour preuve, un chiffre très parlant. En 2023, la Hongrie a attiré 13 milliards d’euros d’investissements étrangers et sur ces 13 milliards, 8 milliards provenaient d’investissements chinois. Par exemple, le chinois BYD, premier constructeur mondial de voitures électriques, construit sa première usine européenne dans le sud de la Hongrie, à Szeged. Le ministre hongrois des Affaires étrangères s’en est récemment félicité. « BYD, le premier constructeur mondial de voitures électriques, a décidé d’implanter sa première usine européenne ici à Szeged. Cette décision consolide la position économique de la Hongrie. Elle renforcera également la position de la Hongrie sur le marché mondial des voitures électriques.a-t-il déclaré.

Deux grands fabricants chinois de batteries pour voitures électriques s’implantent également en Hongrie, pour approvisionner les usines allemandes implantées de longue date dans le pays. BMW, Audi et même Mercedes produisent désormais des voitures électriques. La Hongrie est devenue l’arrière-cour de l’Allemagne. Ces entreprises allemandes ont besoin de fournisseurs de batteries à proximité de leurs usines.

Opinion publique partagée

Il y a aussi une dimension politique. Viktor Orban a été le premier Européen à signer le Partenariat des Routes de la Soie. Pour les électeurs de Viktor Orban, l’ouverture à la Chine est une bonne chose. La télévision publique et les nombreux médias privés appartenant au clan de Viktor Orban ne cessent de répéter que la Chine est un partenaire fantastique et que les entreprises hongroises profitent de ce rapprochement.

Les Hongrois qui ne votent pas pour Viktor Orban, et qui s’informent auprès des médias indépendants, sont bien plus inquiets. Ils pensent que leur Premier ministre s’éloigne de l’Europe et se rapproche trop de Pékin. Pékin financera la ligne ferroviaire entre Budapest et Belgrade. En échange, Viktor Orban a accepté que des policiers chinois patrouillent bientôt dans les rues hongroises. Cela inquiète beaucoup de Hongrois.