Le président iranien visite son allié irakien pour sa première visite à l’étranger

Le président iranien Massoud Pezeshkian débarque de son avion après son arrivée à Bagdad, le 11 septembre 2024 (Murtada AL-SUDANI)

Le président iranien Massoud Pezeshkian est arrivé mercredi en Irak pour sa première visite à l’étranger depuis son élection, un voyage de trois jours visant à consolider l’étroite alliance entre les deux voisins.

Avant son arrivée, une “explosion” a eu lieu mardi soir dans une base de la coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis à l’aéroport de Bagdad. Les forces irakiennes ont dit ne pas en connaître l’origine et assuré que le trafic aérien n’avait pas été perturbé.

Allié essentiel de l’Irak, l’Iran bénéficie d’une forte influence auprès des principaux partis politiques chiites irakiens, mais aussi auprès de groupes armés, les anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, recrutés dans l’appareil sécuritaire.

M. Pezeshkian a été accueilli par le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani à l’aéroport de Bagdad, où ils ont écouté un orchestre militaire jouer les deux hymnes nationaux.

Il a ensuite rendu hommage à un mémorial à l’aéroport dédié au général iranien Qassem Suleimani et à un dirigeant influent du Hashd, tous deux tués en janvier 2020 par un drone armé américain.

Au cours de sa visite, le président iranien visitera les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala (centre) et la région autonome du Kurdistan (nord), qui entretient des relations difficiles avec Téhéran.

“Ce voyage sera utile pour créer et approfondir les liens économiques, culturels, politiques et sécuritaires” avec l’Irak, “afin de résoudre de nombreux problèmes qui pourraient exister”, a déclaré Pezeshkian avant de quitter Téhéran.

Selon le bureau de M. Soudani, il assistera à la signature d’une « série de protocoles d’accord dans les domaines de la coopération fiscale, de l’agriculture, des ressources naturelles, des communications et du tourisme ».

– « La pression des sanctions » –

Après une guerre entre l’Irak et l’Iran dans les années 1980, les liens entre les deux pays à majorité chiite se sont considérablement renforcés depuis l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 qui a renversé le régime de Saddam Hussein.

Mais poursuivant un délicat exercice d’équilibriste, le gouvernement irakien entretient également des relations stratégiques avec son allié américain, notamment sur le plan militaire.

M. Pezeshkian, qui a pris ses fonctions fin juillet, s’est engagé à renforcer les relations avec ses voisins pour atténuer l’isolement international de l’Iran et limiter l’impact des sanctions américaines sur son économie.

« Les relations avec les pays voisins peuvent réduire considérablement la pression des sanctions », a-t-il déclaré en août.

L’Iran est sous le coup de sanctions occidentales depuis des années, notamment depuis que les États-Unis, ennemi juré de Téhéran, se sont retirés unilatéralement de l’accord international sur le nucléaire iranien en 2018 sous la présidence de Donald Trump.

Mardi, les gouvernements américain, français, allemand et britannique ont annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran, visant notamment Iran Air, après avoir accusé Téhéran d’avoir livré des missiles balistiques à la Russie pour frapper l’Ukraine.

L’Iran a nié ces accusations et menacé de prendre des « mesures » non spécifiées contre les Européens.

La visite de M. Pezeshkian intervient également dans un contexte de tensions accrues au Moyen-Orient en raison de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza.

– “Marché irakien” –

Les deux alliés font partie de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

En vertu d’une dérogation régulièrement renouvelée aux sanctions américaines, l’Irak reçoit de l’Iran des millions de mètres cubes de gaz par jour pour alimenter ses centrales électriques, les importations couvrant 30 % de ses besoins en électricité.

Et les échanges commerciaux non pétroliers entre l’Iran et l’Irak se sont élevés à près de 5 milliards de dollars depuis mars 2024, selon les médias iraniens.

Pour le politologue irakien Ali al-Baidar, « l’Iran a besoin du marché irakien pour ses exportations, tout comme il a besoin des importations irakiennes d’énergie ».

Au Kurdistan, les discussions de M. Pezeshkian devraient porter sur l’opposition kurde iranienne, implantée dans la région depuis des décennies et ciblée ces dernières années par des frappes iraniennes.

En mars 2023, Téhéran a signé un accord de sécurité avec le gouvernement irakien qui s’engage à désarmer ces mouvements et à les éloigner de la frontière.

L’Iran les accuse de faire passer des armes en contrebande depuis l’Irak et d’encourager les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022 après son arrestation par la police des mœurs iranienne.

ap-tgg/tp

Anna

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