Fanny Henriet, 38 ans, fait partie des trois nominés, outre la lauréate Alexandra Roulet, pour le Prix du Meilleur jeune économiste 2024. Réunissant des représentants du Cercle des Economistes et du Monde, le jury met en avant les travaux de chercheurs au sein du économie appliquée et promotion du débat public.
Mon père était professeur d’économie, cette discipline m’était donc familière. Quand j’étais enfant et adolescent, j’ai entendu parler de deux choses : le trou dans la couche d’ozone et le changement climatique. Nous avons trouvé une solution au premier problème, mais le second semblait inexorable.
À Polytechnique, c’est l’économie de l’environnement qui me motivait. La science du changement climatique était déjà bien connue, tout comme les solutions techniques permettant de lutter contre le réchauffement. Il me semblait que ce qui manquait, c’était la connaissance des modes d’action collectifs et des politiques publiques pour agir. Et comme la grande majorité des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la combustion d’énergies fossiles, j’ai orienté mes travaux sur la transition énergétique.
Le premier concerne les énergies fossiles, et ce qu’implique la transition pour ces énergies. Et notamment : quelles ressources fossiles doivent rester sous terre ? Si nous brûlons tout le pétrole dont nous disposons, nous dépasserons le budget carbone qui nous permettrait de respecter l’accord de Paris sur le climat. Il faudrait par exemple ne plus extraire de pétrole au Canada, où il est très cher et très polluant, alors qu’on pourrait continuer à en extraire un peu au Koweït, où il est moins polluant et moins cher. Mais refuser d’exploiter les ressources aurait des répercussions importantes sur les pays, notamment économiques. Les États peuvent réclamer une compensation pour cela.
C’est un sujet majeur dans le cadre des négociations climatiques. La question de savoir qui doit payer pour la lutte contre le réchauffement climatique constitue le principal obstacle à la transition.
Je m’intéresse également à ce que pourrait être une fiscalité optimale à l’échelle d’un pays. Nous avons clairement vu que l’impact distributif des réglementations environnementales, qui crée des gagnants et des perdants, est un déterminant de la colère contre ces politiques climatiques. Les « gilets jaunes » en sont un bon exemple. J’étudie donc comment on pourrait mettre en place une taxe carbone mais avec des mesures de redistribution, en évaluant comment compenser les ménages les plus modestes en termes de revenus, comment prendre en compte les différences de niveau de vie liées au lieu où l’on habite… En regardant ces les effets distributifs sont cruciaux tant au niveau national qu’international.
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